Grand Paris : le dérapage continue
Comme si le sujet n'était déjà pas assez compliqué, voici un nuage de plus au-dessus du Grand Paris Express. C'est au tour de la ligne 14 et de son prolongement vers l'aéroport d'Orly d'alimenter la chronique. 25% de dérapage, rien que celà ! Le coût du projet passerait de 2,2 à 2,7 MM€. La RATP argumente l'écart par une convention de maîtrise d'ouvrage avec la Société du Grand Paris, avait évalué le projet à 2,3 M€ aux conditions économiques de 2013. L'actualisation des coûts aux conditions économiques de 2018 d'une part, et le résultat des premiers appels d'offres d'autre part amène selon la RATP à cette réévaluation.
Parallèlement, les conclusions de la commission parlementaire menée par le député-maire du Perreux, Gilles Carrez, sur les modalités de financement du Grand Paris Express, peinent à être traduites dans les faits. On y trouvait notamment l'augmentation de la taxe sur les bureaux et de la taxe de séjour. Mais dans le budget 2019, le gouvernement n'a pas entendu le besoin de 250 M€ de recettes supplémentaires par an, et n'a relevé la dotation de la SGP que d'une petite moitié.
Comme l'écart se creuse entre le coût du projet, qui augmente, et les ressources, qui n'augmentent pas suffisamment, la situation financière du projet est donc de plus en plus précaire. Manifestement, la tentation est grande de faire supporter cette charge sur les collectivités locales et notamment sur les Départements, en captant une partie des droits de mutation à titre onéreux, actuellement perçus par ces collectivités.
On le constate, c'est donc toute la mécanique enclenchée depuis une décennie qui révèle chaque jour un peu plus ses faiblesses. L'Etat est évidemment largement responsable, toutes tendances politiques et tous gouvernements confondus, chacun se refilant le mistrigri en attendant le prochain remaniement. Le dernier gouvernement en date s'est contenté de demander à la SGP 10% de réduction de coût du projet, c'est à dire de l'ordre de 3,5 MM€, confinant à la mesurette qui n'est pas à la hauteur de l'impasse financière du projet. Mais on ne pourra pas affranchir les élus locaux qui au mieux ont fait preuve de crédulité, et au pire ont joué la carte de la surenchère.