RATP : le - potelet - provisoire qui dure
Il fleurit de plus en plus et a tendance à devenir de nature persistante. Sur les lignes de bus exploitées par la RATP, l'arrêt provisoire est de plus en plus fréquent, pour des raisons différentes que nous allons illustrer :
- des travaux sur voirie ;
- des modifications d'itinéraires ou d'implantation des arrêts ;
- des réaménagement de la voirie.
Paris - Place de l'Etoile - 8 mai 2021 - Déviation d'itinéraire des lignes 22 et 52 en direction de la gare Saint Lazare et de l'Opéra par l'avenue Hoche au lieu de l'avenue de Friedland, en raison des travaux de prolongement du RER E. L'arrêt provisoire de la RATP est des plus sommaires : il arrive fréquemment que le drapeau circulaire soit cassé. L'information est limitée, les voyageurs perdant l'annonce du temps d'attente (du moins en principe compte tenu d'un fonctionnement aléatoire). © transportparis
Saint Ouen - Boulevard Victor Hugo - 5 mars 2022 - Deuxième cas avec l'achèvement des travaux de prolongement de la ligne 14 à Saint Ouen, le boulevard a retrouvé sa linéarité. En revanche, l'aménagement définitif des arrêts tarde à venir, 14 mois après l'ouverture de l'extension. Les voyageurs des lignes 66, 173, 274 et 341 doivent toujours se contenter de potelets provisoires et devront faire preuve d'un peu plus de patience pour l'installation d'un abri et d'une information en temps réel du trafic. © transportparis
Colombes - Rue du Bournard - 10 décembre 2021 - Troisième cas : le couloir autrefois réservé aux autobus entre la gare et l'église de Colombes sur cette rue est désormais affecté aux cyclistes. L'espace d'attente des voyageurs est particulièrement précaire et bien évidemment mal informé, inaccessible et pas forcément visible au premier coup d'oeil. On voit également sur ce cliché que la voie réservée aux bus dans le sens inverse a également été affectée aux vélos. Il est vrai que les lignes167, 304 et 378 ici concernées sont d'intérêt très secondaire avec une fréquentation confidentielle ! Résultat, les autobus se retrouvent dans la circulation générale... © transportparis
Robustesse et haut débit : notre dossier mis à jour
Ce n'est pas encore le printemps, mais un bon toilettage d'imposait : transportparis vous propose une version améliorée des dossiers consacrés à l'exploitation en Ile de France, toujours en s'appuyant sur les conclusions de l'audit réalisé par l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne en 2015, à la demande de la SNCF. La quête de robustesse, l'excellence opérationnelle et la maîtrise du haut débit restent toujours des thèmes forts même si le contexte a un peu changé.
La pression est probablement un peu moins forte car la pandémie a accéléré une évolution des usages. En revanche, les impératifs - qui sont encore devant nous - liés à la réduction de la dépendance aux énergies fossiles, non seulement sur la préservation de la biodiversité mais aussi des équilibres sécuritaires du monde, imposent une accélération du rythme auquel les pratiques doivent évoluer.
En attendant, il faut reconnaître que de réels efforts ont été accomplis, signe que l'audit a eu quand même des suites, mais il reste encore beaucoup à faire et surtout, l'explosion des facteurs exogènes minore les résultats perçus par les franciliens quant à la qualité de foncionnement des réseaux ferrés.
Bonne lecture !
A quand une information multimodale ?
Une illustration presque caricaturale, aux limites du périmètre actuellement du ressort de la RATP.
Ces écrans sont désormais familiers des utilisateurs des lignes exploitées par cet opérateur : ils donnnent une information synthétique lisible rapidement. Cependant, plus de 10 ans après leur apparition dans les stations de RER, de métro, de tramways et aux principaux terminus d'autobus, le compte n'y est pas. Démonstration avec cet exemple sur la partie ouest du RER A, justement aux limites des domaines des différents opérateurs en surface.
Saint Germain en Laye - 18 décembre 2021 - Seule est donnée l'information sur la correspondance avec l'autobus 259 pour Nanterre Université (Anatole France). En revanche, le réseau urbain de Saint Germain en Laye et la dizaine de lignes en correspondance ne sont pas mentionnées. Pour un samedi, la fréquence du 259 est tout de même un peu juste... © transportparis
Rueil-Malmaison - 22 décembre 2021 - Même situation dans cette gare, où les lignes 1 (vers Saint Germain en Laye), 27 (vers La Celle Saint Cloud), B (vers Sartrouville) et 467 (vers le pont de Sèvres, pourtant en co-exploitation RATP-Transdev) ne sont pas indiquées. On remarque au passage les fréquences contrastées : la ligne 367 est bien servi alors qu'elle dessert essentiellement des zones d'entreprise, alors que les parcours beaucoup plus urbains des lignes 158, 241 et 244 subissent des intervalles de plus de 15 minutes ! © transportparis
Rueil-Malmaison - 22 décembre 2021 - Cet écran donne rapidement la tendance du trafic sur les réseaux RER et métro... mais aucune information sur les lignes H, J, K, L, N, P, R et U de Transilien exploitées par la SNCF. © transportparis
Pourtant, côté SNCF, on peut souligner des progrès avec le déploiement d'écrans donnant des informations sur la situation des réseaux ferrés exploités par la RATP. Il reste encore des progrès - importants - à accomplir avec les lignes de bus de la communauté Optile, selon l'importance de ces réseaux. Ce devrait être un des éléments clés dans la mise en oeuvre des nouveaux contrats après appels d'offre. Mais plus largement, l'uniformisation de l'information des voyageurs devrait être gérée directement par Ile de France Mobilités en réduisant les marges de manoeuvre des opérateurs : les écrans RATP, en dépit de leurs qualités notamment visuelles, en donnent un parfait exemple.
La Défense - 18 janvier 2022 - Information plus complète sur cet écran à l'entrée de la gare SNCF de La Défense puisqu'on y retrouve des informations sur l'ensemble des lignes et même celles de la RATP. En revanche, il faudrait reproduire le visuel proposé par la RATP donnant d'un seul coup d'oeil l'ensemble des lignes avec une barre de texte alternante dans le tiers inférieur de l'écran. © transportparis
Bus : une chute du trafic révélétrice en zone dense
Ce n'est pas une surprise : la fréquentation du réseau de surface au coeur de la métropole parisienne diminue. C'est particulièrement le cas des lignes dans Paris où malgré le renforcement de l'offre, la chute est la plus forte sur la période 2016-2019. En petite couronne, la situation est à peu près stable, mais l'offre ayant été légèrement accrue, il y a tout de même matière à se poser des questions.
Il semble assez évident d'interroger la qualité du service pour essayer de trouver une réponse à cette chute du trafic. La vitesse commerciale des autobus est trop faible du fait d'un niveau élevé de circulation automobile, de nombreux travaux qui amplifient la congestion. En cause également, la porosité accrue des voies réservées aux autobus, que ce soit par un laisser-aller concernant les livraisons, l'augmentation du trafic de cyclistes et les évolutions d'aménagement de la voirie qui amènent à diminuer le niveau de séparation entre le trafic général et les autobus. Remplacer un séparateur par une simple bande peinte, c'est déjà créer les conditions d'une régression. Supprimer un couloir pour autobus est un non-sens.
Bondy - Pont de Bondy - 17 janvier 2021 - A Paris et en petite couronne, les lignes d'autobus sont en perte d'attractivité : le renouvellement du parc par des véhicules hybrides, au biogaz ou électriques n'est pas une mesure suffisante pour améliorer l'image. C'est sur la performance du service et sa qualité (fiabilité, information, confort) qu'il va vraiment falloir se pencher... La ligne 143 est l'une des rares à avoir bénéficié de véhicules articulés dans le périmètre actuellement exploité par la RATP au cours des 10 dernières années. © transportparis
Dans Paris, il est évidemment difficile de se prononcer sur la pertinence de la refonte des lignes opérée en avril 2019, mais une évidence semble s'imposer : le rattrapage du trafic perdu pendant la crise sanitaire et l'inversion de la tendance structurelle qui l'a précédée ne sera possible qu'avec un plan d'envergure d'amélioration de la qualité de service à court terme avec un plan d'actions sur 3 ans :
- lisibilité du réseau : il faudra probablement restructurer la restructuration et être beaucoup plus offensif, notamment en matière de réassociation des itinéraires (sur la rue de Rivoli, le boulevard Sébastopol, le boulevard Saint Germain, la rue de Réaumur, les grands boulevards pour commencer) quitte à bousculer les voies cyclables (le plus souvent par simple permutation : un couloir bus à contresens sur le boulevard Sébastopol à la place de la piste cyclable libérant le couloir de l'axe formé par les rues Saint Martin, Beaubourg et du Renard) ;
- performance : augmentation de 30% de la vitesse commerciale par des aménagements séparant mieux le service public de transport en commun de surface des autres usages de la voirie, mais aussi par une révision du nombre et de la position des arrêts et un réexamen des carrefours pour évaluer l'utilité réelle de certains feux tricolores (pourquoi n'y a-t-il par exemple aucun Stop sur les voiries secondaires ?) ;
- capacité : des bus qui roulent de façon plus fluide et plus rapide, c'est le meilleur moyen pour augmenter l'offre à moindre coût et par les temps qui courent, cette productivité par le haut devrait être érigée en priorité absolue. En complément évidemment, accélérer l'équipement des axes principaux en autobus articulés ;
- qualité de service : c'est un point sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Outre le fait que plus le temps passe, moins les sièges sont confortables dans les transports en commun, la technologie semble de plus en plus défaillante avec des bornes d'information des voyageurs trop souvent muettes aux arrêts et des écrans dans les bus qui le sont tout autant (quand ils ne sont pas bloqués sur un unique message). Dans cette catégorie, on va donc retrouver l'information des voyageurs, le confort aux arrêts (avec des abris qui abritent réellement) et dans les véhicules.
Bus parisiens : un premier bilan
L'AUT Ile de France a réalisé un premier bilan de l'évolution du réseau d'autobus dans Paris, opérée en avril 2019. Le rapport fait logiquement l'impasse sur l'évolution de la fréquentation des lignes étant donné les effets des confinements durant la crise sanitaire. En conséquence, il s'agit d'une analyse sur la géographie du réseau et ses aspects qualitatifs.
La vitesse moyenne se situe désormais sous les 9 km/h, ce qui devient particulièrement préoccupant, ramenant la performance du réseau au niveau du début des années 1960, quand le service intra-muros était encore largement assuré par des autobus TN4 et TN6 de 58 ou 67 chevaux seulement. Ils s'arrêtent - pour les besoins du service ou le respect des feux de circulation - tous les 319 m en moyenne. Il y a donc un impérieux besoin d'engager un programme d'amélioration de la vitesse commerciale des autobus afin de maîtriser le coût d'exploitation et favoriser une meilleure capacité sur les lignes principales grâce à l'accélération de la rotation des véhicules.
La réorganisation d'avril 2019 a cherché à améliorer la lisibilité du réseau, mais les évolutions apportées ont généralement eu pour effet d'accroître la part d'itinéraires dissociés entre l'aller et le retour. C'est notamment le cas de la nouvelle ligne 45 qui, hormis le parcours entre la Concorde et l'Opéra, emprunte des rues distinctes vers la Concorde et vers Aubervilliers. La nouvelle desserte République - Porte des Lilas confiée à la ligne 20 est aussi en partie dissociée.
Paris - Rue de Belleville - 11 mai 2019 - Peinture fraîche avec des réalisations récentes pour la création du contre-sens réservé aux autobus sur cette rue, retrouvant une desserte en surface avec le nouveau parcours de la ligne 20 vers la porte des Lilas. © transportparis
Paris - Place de la Madeleine - 6 avril 2021 - La ligne 45 ne fait pas vraiment le plein : s'il est difficile de juger définitivement compte tenu des restrictions de déplacement qui ont émaillé l'année 2020 et une partie du premier semestre 2021, la dissociation de son tracé sur la majorité du parcours ne facilite pas son identification. Au passage, son terminus est toujours aussi frugal avec un potelet provisoire. Depuis 2 ans... © transportparis
Les boucles pour le terminus au Panthéon des lignes 24 et 75 sont elles aussi peu lisibles. Les grands boulevards ont été mis à double sens entre Richelieu-Drouot et la place de la République mais aucune ligne ne les emprunte dans les 2 sens : le parcours des lignes 20, 32 et 39 reste fortement dissocié. Les couloirs à contre-sens envisagés n'ont pas été réalisés, comme par exemple sur le boulevard Saint Germain. A ce sujet, transportparis avait fait quelques propositions, qu'on retrouve d'ailleurs dans le rapport de l'AUT Ile de France :
- faire passer les autobus par la rue de Rivoli et la rue Saint Antoine entre la Concorde et la Bastille, les cyclistes pouvant alors récupérer le couloir d'autobus des quais de Seine ;
- même logique avec le boulevard de Sébastopol, avec report de l'itinéraire cyclable sur l'axe Saint Martin / Beaubourg / Renard ;
- évidemment sur le boulevard Saint Germain, pour réunifier les itinéraires transitant aujourd'hui par la place Saint Sulpice ;
- dans le secteur Saint Lazare avec un contre-sens pour les bus sur la rue de la Pépinière entre la cour du Havre et la place St Augustin et le report de l'itinéraire cyclable dans l'actuel couloir des autobus du boulevard Haussmann depuis la rue du Havre.
L'AUT Ile de France souligne aussi la cohabitation délicate avec les vélos : elle s'appuie sur les analyses de la DRIEA et de l'UTP. Elle met en avant la dangerosité des aménagements cyclables passant devant l'arrêt de bus et préfèrerait que les pistes cycables passent derrière les espaces d'attente. C'est un peu mieux, mais c'est la situation du boulevard Magenta ou des arrêts aménagés en îlots : l'accès ou la sortie de l'arrêt d'autobus n'est pas forcément plus sûre pour les piétons.
Paris - Quai des Grands Augustins - 26 février 2021 - Outre le fait que les voyageurs n'ont aucun confort à l'arrêt (pas d'abribus, pas de banc), et qu'il subsiste encore un potelet provisoire encore plus chiche, les utilisateurs des autobus doivent redoubler de prudence car ils doivent traverser une double piste cyclable (bien protégée, contrairement au couloir pour autobus). Une disposition qui est jugée risquée, d'autant que la signalétique pour les cyclistes n'indique en rien qu'ils doivent céder le passage aux piétons. © transportparis
Paris - Rue Tronchet - 3 janvier 2021 - Aménagement provisoire, avec une signalétique à peine meilleure pour les cyclistes. Si la rue a été mise à sens unique avec un contre-sens pour les autobus, ce type de configuration ne satisfait pas les utilisateurs des autobus, qui les considèrent trop dangereux. En outre, quand il pleut, c'est l'assurance d'être mouillé... © transportparis
Dans ce registre sur l'aménagement de la voirie, l'association juge intéressante la nouvelle configuration de la voirie sur la ligne 62 dans les 14ème et 15ème arrondissements, mais souligne les effets de bords sur les voies parallèles mais aussi sur l'avenue Leclerc. Même chose pour la fermeture au transit de la rue de Rivoli, avec des difficultés de circulations accrues sur les grands boulevards en direction de l'ouest. Conséquence l'exploitation des lignes 20 et 32 est nettement affectée, avec par exemple un pointage de 200 m effectués en 16 minutes. On serait tenté aussi d'ajouter le passage de la place de la Bastille, notamment pour les lignes arrivant du boulevard Beaumarchais (transportparis a pointé 10 minutes pour effectuer avec le 91 le parcours entre les arrêts situés au bas du boulevard et à l'entrée de la rue de Lyon).
Autre chapitre : la signalétique et l'information des voyageurs. Trop d'arrêts demeurent, après 2 ans, simplement matérialisés par un potelet provisoire. Il manque encore beaucoup d'abribus pour procurer un peu de confort et une attente en position assise. Les écrans Image sont trop souvent muets, que ce soit aux arrêts (quand ils existent) ou à bord des autobus (où ils son souvent soit muets soit bloqués sur une même information tout au long du trajet).
Paris - Place d'Italie - 12 mai 2020 - Nouvelle ligne sur le réseau, le 59 Place d'Italie - Gare de Clamart complète la desserte du 14ème arrondissement et assure une liaison entre Paris et la petite couronne. La configuration de la place se prête encore à peu près correctement à la gestion de terminus... mais pour combien de temps ? © transportparis
Sur la géographie du réseau, certaines évolutions sont considérées peu heureuses, au-delà des dissociations d'itinéraires déjà évoquées :
- l'abandon de la section Pigalle - Gare de l'Est, provoquant un report de charge sur la ligne 54 (qui n'en a pas besoin...) ;
- l'exploitation de la ligne 43 en autobus standards au point qu'il a fallu resserrer l'intervalle depuis ;
- la limitation au Palais Royal de la ligne 67 et du 85 au Châtelet qui dégradent les liaisons rive gauche - rive droite ;
- le prolongement de la ligne 91 à la gare du Nord avec une irrégularité accrue et une fréquentation bien plus faible qu'en rive gauche ;
- des gares parfois desservies dans un seul sens : la gare Saint Lazare n'est desservie par la ligne 20 qu'en direction de la porte des Lilas, et par la ligne 21 en direction du Stade Charléty
- la nouvelle ligne 71, potentiellement utile, mais lourdement handicapée par les difficultés de circulation dans le 19ème arrondissement (près de 30 minutes de La Villette à Botzaris...).
Paris - Place de la République - 17 mai 2019 - L'intention était louable : aligner 5 gares sur la même ligne. Cependant, il apparaît que le trafic est nettement moindre sur la section Gare de Lyon - Gare du Nord. Effet du RER D ? © transportparis
Paris - Rue Manin - 3 mai 2021 - Nouvelle ligne, desservant un secteur qui en a besoin... mais un résultat qui est loin d'être satisfaisant. Le trajet est épouvantablement long, entre les encombrements d'une circulation qui doit s'effectuer sur des chaussées rétrécies pour créer des aménagements cyclables plutôt que des couloirs pour les autobus, de la multiplicité des changements de cap et d'une prolifération des plateaux surélevés et autres coussins berlinois qui altèrent la vitesse des bus. Mettre des véhicules électriques à 3 portes ne suffit pas... La ligne 71 est loin d'être à la hauteur des enjeux. © transportparis
L'AUT Ile de France semble aussi très attachée à la numérotation de 1945 des lignes, mais une question mérite d'être posée : cette organisation très centrée sur les gares est-elle toujours pertinente ? Au fil du temps, plusieurs grandes diamétrales parisiennes ont été constituées et il existe un fort enjeu de couture fine entre Paris et les communes limitrophes. En outre, il conviendrait de mieux hiérarchiser les lignes, ce que la démarche Mobilien avait tenté d'amorcer, en vain.
Elle s'est aussi intéressée à la dénomination des arrêts et pointe par exemple le cas de la station de métro Duroc, où les arrêts d'autobus s'appellent « Duroc » sur le boulevard des Invalides, mais « Hôpital des Enfants Malades » sur la rue de Sèvres. On peut aussi s'interroger sur certains cas à rallonge comme « Marceau - Pierre 1er de Serbie - Place de Beryrouth », ou sur la confusion entretenue sur l'avenue de France. Il ne faut pas confondre « Bibliothèque François Mitterrand » au carrefour Avenue de France - Rue de Tolbiac et « Bibliothèque Nationale de France » au carrefour Avenue de France - Rue Raymond Aron, d'autant plus que si le terminus de la ligne 71 sur l'avenue de France porte bien la première appellation, l'arrêt juste en face (lignes 89 et 325) s'appelle « Emile Durkeim ». Dans le même secteur, l'arrêt le plus près de la gare d'Austerlitz sur les lignes 61, 89 et 215 s'appelle « Cité de la mode et du design » ! Sur le boulevard Haussmann, les arrêts en correspondance avec la station de métro « Havre-Caumartin » s'appellent soit « Havre-Caumartin », soit « Havre-Haussmann », soit « Rome-Haussmann ». C'est une double mission à laquelle il faudrait s'attacher : harmoniser l'appellation des arrêts entre lignes de bus et avec le métro d'une part, simplifier ensuite.
Enfin, et sans surprise, l'association incite la Ville de Paris à la prudence sur le projet de limitation de la vitesse à 30 km/h dans Paris en proposant d'écarter de cette mesure les grands axes où circulent les autobus.
Pour conclure, et sans réelle surprise, il y a matière à réviser la révision du réseau d'autobus parisiens : les propositions de transportparis sont toujours consultables, en attendant peut-être une nouvelle séquence de cogitations...
RER, Transilien : vers une standardisation des écrans d'information ?
L'information des voyageurs sur les écrans installés dans les gares est naturellement un dispositif essentiel pour renseigner les utilisateurs du réseau, qu'ils soient occasionnels ou habitués. En la matière, la RATP et la SNCF ont chacun leur approche et elle est assez divergente sur la forme, quoique présentant d'évidents points communs.
La RATP a renouvelé l'ensemble du dispositif d'information sur le RER A et une partie des équipements du RER B. On retrouve comme point commun la dissociation de la fonction d'annonce des prochains trains, de façon synthétique, et de la desserte du prochain train. Cependant, la façon de présenter l'information diffère notablement. Sur le RER A, la RATP achève la généralisation de l'information par un thermomètre de ligne très visible. Certaines gares en travaux, notamment Etoile, Auber et Nation, sont encore dans une situation de transition.
Au terminus de Saint Germain en Laye, la nouvelle charte d'information des voyageurs de la RATP. Les écrans n'indiquent que le code mission, la destination, le temps d'attente et la voie de départ. Dans le cas présent, c'est un peu monotone. En position verticale, le thermomètre de ligne précisant les gares desservies par la mission. © transportparis
La nouvelle présentation sur les écrans SNCF essaie d'intégrer un maximum d'informations mais il semble quand même encore que certains éléments essentiels manquent encore de lisibilité. Ce qui doit présenter le niveau maximal de visibilité dans l'exemple ci-dessous, ce sont :
- l'heure
- la destination et le code mission
- le temps d'attente
- le type de train (court ou long)
Nouvelle présentation de la desserte du prochain train sur les quais de la Gare du Nord, ici sur le RER D : certaines informations doivent être visibles plus rapidement au premier coup d'oeil, même de loin. © transportparis
Il y a donc encore matière à améliorer la présentation, notamment sur la partie supérieure où il y a de la place perdue sur l'écran, de sorte à agrandir la taille de ces 4 informations essentielles.
Cohabitation entre l'affichage des prochains départ avant et après la modification de la présentation. La ligne H, à droite, n'a pas encore basculé, alors que le RER B sur sa partie SNCF, a adopté la nouvelle présentation : 5 trains par écran à gauche, 10 à droite. L'écran de gauche sur le RER B présente le prochain train de chaque mission, alors que l'écran de droite sur la ligne H couvre une plus large amplitude quitte à afficher plusieurs trains d'une même mission (Pontoise, Saint Leu et Sarcelles dans le présent cas). De ce point de vue, la nouvelle version, plus contrastée et allant à l'essentiel, apparaît assez efficace. © transportparis
Mais surtout, il serait souhaitable d'uniformiser la façon de présenter ces informations, quel que soit l'opérateur : c'est en principe l'un des axes de travail d'Ile de France Mobilités, mais parvenir à un consensus sur ce type de sujet entre la RATP et la SNCF n'est pas une mince affaire...
Châtelet Les Halles : le premier train pour Gare du Nord s'il vous plaît ?
C'est un des grands jeux des transports franciliens, au coeur de la capitale. Comment savoir quel est le premier train à partir de Châtelet Les Halles vers la Gare du Nord ? RER B ou RER D ?
Parmi la multitude d'écrans dans l'ensemble de la salle d'échanges, aucun ne permet d'indiquer aux voyageurs vers quel quai se diriger pour rejoindre la Gare du Nord, puisque dans l'organisation - au demeurant logique - des voies, le RER B et le RER D desservent des quais distincts.
Châtelet Les Halles - 2 août 2019 - Dans cette ambiance si chaleureuse, le voyageur cherchant le premier train pour rejoindre la gare du Nord se retrouve bien dépourvu. Et bien évidemment, c'est toujours l'autre qui part en premier ! © transportparis
Première méthode : comparer les écrans des deux lignes. Pour le voyageur qui arrive dans le RER à Châtelet Les Halles, ce n'est pas trop compliqué, les écrans étant l'un au-dessus de l'autre. Mais attention, il y a un piège : l'information sur ces écrans efface les trains qui sont à quai. Et qui parfois stationnent assez longtemps du fait de la gestion du trafic dans le tunnel commun. Donc quand l'intervalle annoncé est de 4 ou 5 minutes, il y a des chances pour qu'un train soit à quai.
Deuxième méthode : la logique probabiliste. 20 trains par heure sur le RER B, 12 trains sur le RER D. Donc aller par principe sur le quai du RER B.
Troisième méthode, qui nécessite un premier niveau d'expertise des transports ferroviaires en Ile de France. Châtelet Les Halles, c'est en domaine RATP, le RER B est tenu par la RATP dans ce secteur et la SNCF ne fait que transiter avec son RER D donc l'aiguilleur donnera la priorité au RER B. Cynique mais pas forcément inexacte...
Quatrième méthode, qui nécessite une expertise plus poussée du ferroviaire : analyser les écrans pour évaluer la succession des trains et observer les signaux de sortie de Châtelet Les Halles pour savoir qui a le carré fermé, qui a l'avertissement voire la voie libre. Si 2 RER B se présentent à peu d'intervalle, malgré la présence d'un RER D, il n'est pas impossible que la régulation passe passer d'abord un RER B. Et si, au final, c'est plutôt du côté du RER D qu'il faut aller, il faut remonter les escaliers à toutes enjambées car en général, l'ouverture du signal se fait au dernier moment et, étroitesse du quai aidant, vous risquez de vous retrouver bloqué par les voyageurs quittant le RER D.
En conclusion, une information claire et lisible sur les écrans annonçant le premier train à partir vers la gare du Nord serait tout de même plus simple !
Information voyageurs : du mieux dans le Francilien
Continuons avec notre série d'observations sur les réseaux franciliens, et embrarquons justement à bord du Francilien : depuis le début de l'été, l'information sur les écrans des plateformes a évolué... en mieux. Depuis 2009, les 4 petits écrans sur fond bleu donnaient destination, prochain arrêt et desserte du parcours, mais la taille faible, sinon microscopique, de certaines informations n'en facilitait pas la lecture.
Première version des écrans de desserte à bord du Francilien. Tout sur la même séquence, répartie sur les 4 écrans. © J.J. Socrate
La nouvelle version essaie de s'affranchir du handicap de ces 4 petits écrans (aujourd'hui, on ferait certainement mieux) et le résultat est appréciable au regard de l'amélioration de la lisibilité : l'information est désormais lisible depuis l'ensemble des places assises.
La nouvelle version des écrans avec la destination sur fond noir, le prochain arrêt sur fond blanc et, nouveauté, un thermomètre de ligne qui gagnerait à mieux figurer le prochain arrêt (ici, c'est Nanterre Université et ça ne saute pas aux yeux). © J.J. Socrate
Cela dit, l'information voyageurs serait encore plus lisible si elle était affichée sur les écrans des "coins" de salle, qui diffusent de la communication institutionnelle de la Région et de la SNCF, d'une utilité toute relative...
Reste à revoir l'ambiance sonore : a-t-on vraiment besoin d'annoncer l'ouverture des portes par un signal strident, qui a tendance à perdre - et agacer - le voyageur surtout quand il alterne avec le signal d'annonce de la fermeture, lorsque justement la fermeture des portes devient difficile compte tenu de l'affluence ?
Information voyageurs : chacun chez soi, suite
Dans notre précédent billet sur l'information voyageurs, nous avions pointé le caractère ubuesque d'écrans SNCF indiquant les prochains RER A... mais seulement ceux des branches Cergy et Poissy.
Histoire de préserver les équilibres et les susceptibilités entre les deux grands opérateurs franciliens, intéressons-nous aujourd'hui à la RATP et ses écrans baptisés Image, qui donnent en un coup d'oeil l'état du trafic sur le réseau. Tout le réseau ? Non !
Ecran Image au petit matin : ça roule encore correctement... ou presque ! © J.J. Socrate
Sur l'apparence, rien à dire, c'est simple, clair et lisible, dans le plus pur style de la charte graphique de la RATP. Néanmoins, il est tout de même étonnant que la RATP sélectionne les lignes exploitées par la SNCF qu'elle fait apparaitre : rien à dire concernant les lignes A et B, puisqu'elle est directement partie prenante. Mais pourquoi limiter le réseau SNCF aux seules lignes C, D et E ? Pourquoi ne pas afficher le reste du réseau Transilien ? Certes, l'écran indique les lignes de RER, mais puisqu'il donne des informations sur des lignes exploitées par la SNCF, autant toutes les indiquer !
Information voyageurs : toujours chacun chez soi ?
Cela fait tant d'années que l'information voyageurs est censée être au coeur des préoccupations de la RATP, de la SNCF et du STIF qu'on peut penser que le message finit par passer et que les bonnes pratiques sont entrées dans toutes les têtes. Eh bien non ! Pas dans toutes : le syndrome du petit village gaulois a encore frappé !
Paris Gare de Lyon - 23 septembre 2017 - Cergy, Poissy, Marne la Vallée... mais il en manque ? Où sont les trains pour St Germain et Boissy ? Ah oui pardon, c'est écrit dessus, c'est un écran SNCF donc les trains de la RATP, on s'en tape ! J.J. Socrate
Cette photo - sans trucage - montre que le règne du chacun chez soi est encore de mise. Nous sommes à la gare de Lyon, dans le hall 2. La SNCF a eu la bonne idée d'installer un écran donnant les prochains départs du RER A. Très bien... mais voilà, l'intention tombe à l'eau et sombre dans le ridicule.
Explications :
- d'abord pourquoi le RER A seulement ? Et le RER D ?
- regardez bien les destinations affichées : on vous a dit, c'est une photo sans trucage !
En 2017, on en est encore là ! La SNCF affiche en gare de Lyon les prochains départs des RER A... mais pas tous ! N'apparaissent que les trains liées aux branches qu'elle exploite c'est à dire les relations de Cergy et Poissy vers Marne la Vallée. Pas une information sur les trains des branches de St Germain en Laye et de Boissy St Léger : pensez donc, "c'est chez les autres !". Situation d'autant plus ubuesque que la branche Marne la Vallée est bien en territoire RATP.
Si on veut accueillir les Jeux Olympiques en 2024, nos deux opérateurs franciliens ont encore des progrès à accomplir !