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transportparis - Le webmagazine des transports parisiens

Saint Lazare : l'interface RER A - groupe III

Raccourci par le RER, étendu à la place de l'aérotrain

Amputé de la section Nanterre-Université - Saint Germain-en-Laye en octobre 1972, le groupe III connut un petit intermède de 7 ans avant de trouver une nouvelle utilité pour la desserte de Cergy-Pontoise. L'accès par le réseau Saint Lazare fut préféré à une branche à hauteur de Pierrelaye sur la ligne de Paris Nord à Pontoise. Avantage de la solution retenue : l'interconnexion au RER avec accès à La Défense

Le projet incluait la réalisation du raccordement de Nanterre, au moyen d'un nouvel ouvrage sur la Seine, rejoignant le groupe V à Houilles. Cette gare gagnait une voie et un quai pour dissocier le groupe III prolongé du groupe V. Même chose à Sartrouville, passant de 3 à 5 voies avec un quai supplémentaire, et, entre les deux, un saut-de-mouton reclassant les voies. Le plan de voies de 1933 était donc largement remanié, avant de rejoindre la ligne Achères - Creil, elle aussi adaptée aux besoins avec une nouvelle gare à Achères, la mise à 2 voies du franchissement de l'Oise à Conflans-Sainte-Honorine puis, à partir de Neuville, la réalistion d'une ligne nouvelle de 5 km vers Cergy-Préfecture, terminus alors provisoire amorçant la desserte de l'agglomération nouvelle.

En 1979, seulement 5 ans après la signature du contrat de l'aérotrain (et sa rupture un mois plus tard), la SNCF mettait en service une nouvelle desserte Paris Saint-Lazare - Cergy-Préfecture avec des Z6400 : cela fait moins rêver que le projet Bertin, mais le train était quand même nettement plus adapté.

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Nanterre-Université - 29 mai 2007 - La Z6539/40 stationne sur la voie 1 de Nanterre-Université en direction de Maisons-Laffitte. Le raccordement vers le viaduc franchissant la Seine débute dès la gare, avec une rampe à plus de 35 / 1000, où se situe de surcroît l'interconnexion avec le RER A venant de Nanterre-Préfecture : 2 bifurcations en quelques centaines de mètres, avec deux opérateurs et deux gestionnaires d'infrastructures. L'un des sites les plus complexes d'Ile de France. Quant à la gare, elle est vue ici avant sa métamorphise, dans une configuration dite provisoire depuis le début des années 1970. © transportparis

Ainsi, la liaison Paris - Cergy nécessita d'importantes transformations sur le groupe V pour accueillir sur ses emprises des voies affectées au groupe II. Le plan de voies datait de 1933. Un quai supplémentaire fut réalisé à Houilles (passant de 3 à 4 voies) et Sartrouville (passant de 3 à 5 voies) avec un saut de mouton reclassant les voies entre les deux. Au-delà de Maisons-Laffitte, la ligne Achères - Creil fut remaniée avec une nouvelle gare à Achères et la réalisation d'un nouveau tablier sur l'Oise à Conflans-Sainte-Honorine.

Depuis 1988, l'interconnexion du RER A (d'abord vers Cergy puis un an plus tard vers Poissy) crée une interdépendance entre la desserte du groupe III et le premier axe d'Ile de France. Il aura fallu beaucoup de temps - trop assurément - pour que la RATP et la SNCF s'engagent résolument sur la voie de la co-exploitation, avec pour aboutissement le nouveau Centre de Commandement Unifié de la ligne, depuis le site de Vincennes, accueillant désormais des équipes de gestion du trafic sur la section SNCF. Il est vrai que la zone d'interconnexion mettait en relation 3 sites différents : côté RATP, le PCC de Vincennes et côté SNCF, le poste 1 de La Garenne-Colombes et le PRS de Sartrouville.

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Houilles - 26 juin 2011 - Après la réalisation de la liaison Paris - Cergy en 1979, l'arrivée du RER A dans la boucle de Montesson en direction de Cergy et de Poissy intensifia l'usage du groupe III dans ce secteur. Les MI84 ont assuré ce service de 1988 jusqu'en 2015, avec la réception des MI09. © transportparis

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Bécon-les-Bruyères - 28 septembre 2011 - Continuons avec les séries disparues dans le secteur : il y a eu quelques Z2N série 20500 sur le groupe III, engagées sur les omnibus Paris - Nanterre-Université. Cependant, ce matériel était assez inadapté à des arrêts fréquents et à une charge déséquilibrée du fait de l'irrégularité. En outre, circulant en unité simple, elles étaient de toute façon structurellement sous-capacitaire... © transportparis

Décembre 2017 : une nouvelle desserte... décadencée pour la ligne L

En décembre 2017, la desserte du RER A a été allégée : en pleine croissance du trafic, largement supérieure à 1,2 millions de voyageurs, il s'agissait d'un pari osé puisque la grille théorique est passée de 30 à 27 trains par heure le matin et même à 24 en fin de journée. Le gain de capacité vanté lors de l'acquisition des MI09 a été en partie dissous par cette réduction d'offre. Le bilan sur la régularité a cependant été positif, la ligne repassant au-dessus du seuil des 90 %. Par ricochet, la desserte du groupe III a été elle aussi adaptée : puisque les missions du RER A sont désormais cadencées aux 12 minutes en pointe, celles de la ligne L ont fait de même... mais d'une façon pour le moins saugrenue.

Jusqu'en décembre 2017, les trains du groupe III Cergy – Saint-Lazare se présentaient le matin généralement à Nanterre-Université à l’heure où devrait partir l’omnibus Nanterre Université – Saint-Lazare, soit avec 4 minutes de retard environ. Comme ces trains étaient semi-directs jusqu'à Paris, l'usage faisait passer les trains dans l'ordre théorique, quitte à retarder, voire supprimer des missions omnibus Nanterre - Paris, ou à les limiter à Bécon-les-Bruyères. Il aurait suffi de considérer qu'au-delà de 4 minutes de retard (schématiquement : quand il est à Houilles à l'heure où il devrait être à Nanterre), l'expédition à l'heure de l'omnibus devant le semi-direct n'aurait pas perturbé la marche de ce dernier pour y remédier.

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La Garenne-Colombes - 3 juillet 2014 - Affluence à La Garenne Colombes en direction de Paris. La mission Cergy était théoriquement accélérée entre Nanterre et Paris, avec de fréquents retards et suppressions... La nouvelle desserte omnibus n'a cependant pas totalement corrigé les défauts de la grille horaire... tout en l'allégeant... © transportparis

La nouvelle desserte mise en oeuvre en décembe 2017 a bien régularisé la desserte de la mission Cergy, rendue presque complètement omnibus (sauf Maisons-Laffitte en contrepointe, allez comprendre pourquoi !), mais avec une réduction d'offre de 12 à 10 trains par heure, étant donné que, parallèlement, la trame de base du RER A a été allégée sur la base de missions espacées de 12 minutes environ et non plus de 10.

Le plus cocasse est la disparition du cadencement : le trame à 27 trains en pointe du matin sur le RER A aboutit à un alternat 4 minutes - 8 minutes entre Nanterre-Université et Saint-Lazare (maintenant un déséquilibre des charges), alors que le soir, la desserte est espacée aux 6 minutes. Mais le week-end, la trame devient complètement déséquilibrée avec 2 missions aux 20 minutes pour Nanterre et Maisons-Laffitte se succédant en 7 minutes - 13 minutes.

Heureusement, la mise à 4 voies du terminus de Cergy le Haut en septembre 2019 a redonné un peu d'air au fonctionnement de la desserte, mais pour autant, la rigueur du cadencement sur la ligne L n'est plus qu'un souvenir...

Renforcer la desserte de Cergy : quelles conséquences pour Poissy ?

C'est un sujet évoqué depuis de nombreuses années. Face à la fréquentation des trains sur la branche de Cergy, les élus locaux et les voyageurs demandent du changement mais les marges de manoeuvre sont étroites. La capacité maximale du groupe III entre Nanterre et la bifurcation d'Achères est de 18 trains par heure et était intégralement consommée jusqu'en 2017. Depuis, la desserte comprend 10 trains sur le RER A et 5 trains sur la ligne L, ce qui détend la pression

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Maisons-Laffitte - 7 mars 2010 - Equation complexe pour le RER A : comment envoyer plus de trains vers Cergy sans déshabiller Poissy tout en conservant une desserte limitée à 24 trains par heure dans le tronçon central ? Il faudra assurément choisir et phaser le programme d'amélioration du fonctionnement de cette ligne. © transportparis

Néanmoins, envoyer une seconde mission RER A sur Cergy n'est pas chose aisée, car en parallèle, la RATP ne souhaite pas égaliser pointe et contre-pointe dans le tronçon central pour conserver un peu de respiration. Donc, pas de mission supplémentaire du RER A. Conséquence, la seule solution viable serait de dévier la mission Poissy vers Cergy, ou une des 3 missions de la branche Saint-Germain-en-Laye... ce qui semble assez peu compatible avec la charge des trains jusqu'à Rueil-Malmaison. Resterait donc l'échange de terminus : à Cergy le RER A, à Poissy la ligne L, ce qui ne serait acceptable qu'à la mise en service du prolongement du RER E à Mantes-la-Jolie de sorte à maintenir une liaison Poissy - La Défense.

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Houilles-Carrières - 9 avril 2015 - Le nouveau visage de la desserte du groupe III, premier axe de Saint Lazare à avoir été équipé du Francilien, assurant ici une mission Cergy - Paris Saint Lazare. La rationalisation de la desserte pourrait entrainer la déviation de cette mission vers Poissy, dont les RER A seraient reportés sur Cergy... lorsque le RER E reprendra la relation Poissy - La Défense. © transportparis

Quel périmètre pour une nouvelle signalisation ?

La mise en œuvre de NExTEO apparaît moins nécessaire sur le groupe III que sur le groupe II compte tenu d’une desserte actuellement à 10 trains par heure entre Paris et Nanterre, mais elle pourrait être légitimée selon les décisions qui seront prises au-delà de Nanterre vers Cergy et Poissy, mais aussi sur le RER A lorsqu'il faudra penser au renouvellement du SACEM sur le domaine RATP. En outre, du fait des équivalences d'itinéraires, il serait de toute façon nécessaire d'équiper la section Paris - Bécon-les-Bruyères pour donner de la souplesse à l'exploitation. Dans ce cas, le hiatus Bécon - Nanterre serait à coût marginal.

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Sartrouville - 13 juillet 2013 - Les MI09 estampillés RATP sont la série majoritaire sur le RER A avec 140 éléments et ont permis l'élimination sur les missions interconnectées des MI84. L'enjeu de capacité, notamment vers Cergy, reste central pour le RER A. © transportparis

Matériel roulant : finalement, pas de réutilisation des MI2N

Quant au matériel roulant, le renouvellement des Z6400 s'est achevé avec les livraisons de Francilien. La réutilisation des MI2N du RER E aurait été envisageable si leur libération avait coïncidé avec la fin de vie de la dernière génération d'automotrices en acier inoxydable d'Ile de France. Compte tenu du décalage dans la livraison des RERng, liée au retard du projet EOLE, la solution devenait logiquement caduque.

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Asnières - 25 avril 2021 - Toujours plus nombreuses, les Z50000, désormais grises et bleu, deviennent plus que majoritaires sur les dessertes Transilien au départ de Saint-Lazare. A la date de prise de vue de la photo, la rame 316 compte parmi les plus récentes. © transportparis

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Paris - Tranchée des Batignolles - 16 février 2020 - Les Z50000 sont en passe de devenir hégémoniques : après avoir poussé vers la sortie les RIB et les Z6400, elles attaquent aussi le domaine des VB2N. La rame n°230 circule sur le groupe III en direction de Saint-Lazare. © transportparis

En revanche, si NExTEO débarquait sur les groupes II et III, la compatibilité du Francilien pourrait être posée.

Suite du dossier

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