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transportparis - Le webmagazine des transports parisiens
4 novembre 2022

Le métro en difficultés

Le métro parisien subit de plein fouet l’addition de plusieurs facteurs concourant à une dégradation importante du trafic.

Le service complet n'a pas été rétabli sur l'ensemble du réseau, sauf sur les lignes 7, 9, 13 et 14. Deux arguments combinés peuvent être avancés : Ile de France Mobilités constate que la fréquentation n'a pas retrouvé son niveau antérieur à la pandémie... et se retrouve dans une situation budgétaire difficile du fait de la perte de recettes et d'une absence de compensation par l'Etat des conséquences des confinements de 2020 et 2021, ce qui explique aussi l'allègement du plan de transport. Ile de France Mobilités devrait finir l'année avec un budget en déficit de 400 M€ par rapport à celui de 2019.

Il faut aussi noter que la fréquentation varie encore plus qu'auparavant d'un jour à l'autre du fait d'une part sensiblement accrue de télétravail dans les métiers tertiaires, mais les jours télétravaillés sont très inégalement répartis, si bien que sur certaines lignes, la fréquentation chute de moitié entre le jeudi et le vendredi. Le mardi et le jeudi sont les journées à fréquentation maximale, parfois plus élevée qu'en 2019, ce qui, avec une offre inférieure du nominal, aboutit à des taux de charge plus élevés et donc un inconfort accru.

Du côté de la RATP, la régulation du trafic semble de moins en moins poussée ce qui occasionne des « grands intervalles » plus fréquents, même à l’heure de pointe, qui se traduisent par des surstationnements (activation du « départ sur ordre »). Il faut quand même ajouter à cela un niveau toujours aussi élevé d’actes de malveillance, de bagages abandonnés avec pour ces derniers des procédures toujours aussi lourdes et contraignantes.

La pénurie de conducteurs ajoute donc une dimension supplémentaire et inédite. La RATP affirmait jusqu’à présent que seul le réseau de surface était touché : elle semble maintenant reconnaître un sous-effectif sur le réseau ferré.

La régularité est donc en nette baisse, passant sous la barre des 91 % sur 6 lignes en septembre : 3, 6, 8, 11, 12 et 13, pour un objectif contractuel de 96,5 %. Le graphique ci-dessous, publié dans Le Parisien, compare, sur chaque ligne, le niveau d'offre par rapport au service nominal, et la fréquentation par rapport à la période avant la crise sanitaire. Par exemple, pour la ligne 1, 90 % du service nominal est assuré et la fréquentation est à 83 % de la référence.

situation-metro-septembre-2022

La situation est donc très tendue sur la ligne 11 et dans une moindre mesure sur la ligne 12

En conséquence,le ton monte entre Ile de France Mobilités et la RATP mais la position de la Région serait plus efficace si elle prenait en considération :

  • qu’elle a une part de responsabilité dans la dégradation de la situation, qui ne date pas du printemps 2020 : les intervalles de plus de 5 minutes sont devenus monnaie courante depuis une dizaine d’années et les annonces n’ont pas toujours été suivies d’effet. Pour seul exemple, le taux de compression des voyageurs sur la ligne 1 ne diffère guère entre la semaine et le week-end, alors que l’automatisation devait assouplir l’adaptation de l’offre à la fréquentation ;
  • que la pénurie de conducteurs est certes de la responsabilité de la RATP mais qu’elle ne pourra y remédier dans l’immédiat ;
  • qu’il faut donc se concentrer prioritairement sur la qualité de la production avec les moyens disponibles, ce qui veut dire une régulation fine du trafic de sorte à tenir un intervalle le plus régulier possible ;
  • que l’action sur les problèmes de production liés aux actes de malveillance et aux bagages oubliés - qui pèsent lourds dans l'irrégularité - nécessite un travail de fond avec les forces de police pour gagner en efficacité (un sac à dos avec un pull et des chaussettes ne doit plus entrainer des heures de perturbation).
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Commentaires
Q
À propos de la fluctuation de la fréquentation selon le jour de la semaine, j'ai l'impression que les autorités ont oublié le week-end. Samedi et dimanche, les fréquences sont réduites par rapport au reste de la semaine tandis que la fréquentation est très forte (voir plus que les jours télétravaillés).<br /> <br /> Ces jours-là, il y a du monde qui sort pour d'autres motifs que le travail, l'école ou les études, et les rames sont alors archi-saturées (vu ce samedi dernier sur lignes de métro 4 et 5, et tramway T1) ...
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A
Je m'étonne qu'on ne parle pas plus de l'installation de portes palières supplémentaires aux stations les plus fréquentées. Je constate par exemple que sur la ligne 9, les quais des stations centrales (de République à Trocadéro) sont saturées. Il n'est pas rare d'attendre 3 trains avant de pouvoir monter, avec une forte densité de personnes à quelques centimètres du bord du quai. Cela oblige à des surstationnements, à des incidents voir accidents, mais en plus, les conducteurs doivent souvent basculer en conduite manuelle, en entrant en station à basse vitesse et en redémarrant à basse vitesse, ce qui crée à chaque station 15-20 secondes de retard.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur les lignes équipées de MF01 (2, 5, et surtout 9) il faudrait équiper les stations les plus fréquentées de portes palières de toute urgence. Le gabarit du MF01 est moderne et ne devrait pas évoluer, donc c'est un investissement de long-terme. Puis ensuite traiter la 12 après le renouvellement de son matériel roulant.
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B
Merci pour vos articles d’une grande qualité ainsi qu’aux intervenants dont les commentaires sont très instructifs et que je prends plaisir à lire.
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Q
Le presse évoque de plus en plus que le tarif de l'abonnement annuel (Forfait Navigo Annuel) passe à 100 € par mois contre 75.20 € actuellement, tellement que les finances d'IDFM sont plombées actuellement pour des raisons diverses.<br /> <br /> <br /> <br /> Si c'est le cas, ça risque de devenir plus rentable de voyager en payant à l'unité que de prendre un abonnement (même en tenant compte de la prise en charge de son employeur) ...
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G
> Ile de France Mobilités devrait finir l'année avec un budget en déficit de 400 M€ par rapport à celui de 2019.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai du mal à comprendre cette phrase. Un déficit est une notion comptable à un instant t. Donc on a soit :<br /> <br /> <br /> <br /> * le budget 2022 est en déficit de 400 M€ (sans référence à une année précédente)<br /> <br /> * ou bien : les recettes du budget 2022 sont en baisse de 400 M€ par rapport à celui de 2019<br /> <br /> * ou bien encore : les dépenses du budget 2022 sont en baisse de 400 M€ par rapport à celui de 2019
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T
La région est -pour une fois- dans une posture d'autorité contractuelle: elle exige que son cocontractant remplisse ses obligations...<br /> <br /> Si partage de responsabilité il y a (ce qui n'est pas du tout exclu à ce stade), il viendra ensuite au niveau soit des pénalités, soit de la responsabilité...<br /> <br /> <br /> <br /> En réalité, cela correspond à une procédure juridique (ancienne et parfaitement classique au demeurant) qui impose une mise en demeure avant toutes sanctions ou mesures de rétorsion. Je doute que la résiliation soit envisagée, mais c'est le signe d'une époque: la RATP a perdu son monopole et doit donc se comporter en opérateur contractuel et non monopolistique.<br /> <br /> <br /> <br /> Après, on est tous conscient que ce n'est pas en 24 heures que l'on recrute et forme des machinistes, des conducteurs, etc. que cela soit pour le réseau de surface ou pour les réseaux ferrés... Mais cela implique que la RATP, à l'avenir, soit plus proactive. Ce sont loin d'être des amateurs là dessus, mais je note (et ne suis pas le seul) qu'il y a du relâchement sur le suivi ou l'anticipation de pas mal de choses (qui a dit la rénovation de Nation ?)...
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