Fermetures de la ligne 14 : ça commence à faire beaucoup
Les prolongements de la ligne 14 du métro à Saint-Denis Pleyel et à l'aéroport d'Orly entrent dans leur dernière phase avant mise en service. A ces deux projets s'ajoute le renouvellement du système d'exploitation de la ligne, âgé de 25 ans et d'une capacité insuffisante pour gérer le nombre de trains supplémentaires nécessaires à ces extensions. Ce sera probablement la plus importante des nouveautés en Ile-de-France au cours de cette année.
Les utilisateurs des transports parisiens ont cependant de la mémoire : l'opération pionnière d'automatisation de la ligne 1 avait été réalisée avec efficacité par la RATP avec une gêne minimale pour les voyageurs : fin de service anticipée à 23 heures au lieu de 0h30 et de très rares arrêts d'exploitation pour finaliser l'achèvement de la conversion. C'était même, aux dires de la RATP, une condition sine qua non du projet, à la fois pour prouver le savoir-faire de l'entreprise et prendre en compte l'intérêt des 750 000 voyageurs de la ligne.
Sur la ligne 14, on finit par ne plus compter le nombre de soirées avec arrêt d'exploitation à 22 heures, les week-ends d'interception complète... et les semaines de vacances. L'annonce des conditions de transport pour le premier trimestre 2024 est en quelque sorte la goutte d'eau qui fait déborder le vase : fin de service à 22 heures, fermeture complète durant les vacances scolaires de février et pendant tous les week-ends du mois de mars. Rien que cela. Pour une ligne qui se hisse dans le peloton de tête des plus empruntés, les modalités ayant prévalu voici un peu plus de 10 ans sont à reléguer au rang de lointains souvenirs.
Comment en arrive-t-on là ? C'est un mystère. Il n'est pas spécifique à la ligne 14 : l'automatisation de la ligne 4 a été beaucoup plus difficile pour les voyageurs que celle de la ligne 1. Il faut aussi ajouter que la modernisation de l'exploitation de la ligne 11 en prélude à son prolongement à Rosny-sous-Bois sont aussi lourdes de conséquences pour les voyageurs. Quittons la région parisienne : à Lyon, la conversion de la ligne B consomme toujours autant de colonnes dans Le Progrès, puisqu'aux longues périodes d'arrêt de service pendant l'automatisation s'ajoutent les nombreuses pannes qui bloquent le trafic parfois pendant plusieurs heures sans que, pour l'instant, ni Keolis Lyon ni Alstom ne parviennent à stabiliser le fonctionnement du système.
Conclusion : il faudra tirer les leçons de ces évolutions pas vraiment positives afin d'envisager la poursuite de telles opérations, dont les avantages pour les utilisateurs restent quand même indéniables. Les premières études débutent sur la ligne 13 : on ne peut imaginer une conversion avec des conditions aussi difficiles.
Les équipementiers et les opérateurs vont donc devoir reconsidérer de fond en comble la conception et la conduite de tels projets avec :
- des coûts fiabilisés et compatibles avec la conversion des lignes principales ;
- des délais de réalisation acceptables et maîtisés car une ligne par décennie, c'est beaucoup trop lent : 5 à 6 années peut être considéré comme un délai maximal acceptable ;
- des impacts sur les voyageurs drastiquement réduit par rapport aux constatations actuelles.
Bref, l'autorité organisatrice doit faire entendre la voix des utilisateurs des transports en commun pour fixer le cadre d'intervention, et secouer les ingénieries pour qu'elles développent des solutions innovantes répondant à ces objectifs.
En attendant, transportparis a restructuré ses chapitres concernant la ligne 14 qui dispose désormais d'un dossier complet.