Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
transportparis - Le webmagazine des transports parisiens
29 novembre 2011

RER A : une commission parlementaire ?

Les députés planchent sur la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la situation de la ligne A du RER parisien, sur la proposition d'un député de la majorité. En particulier, cette commission serait chargée d'analyser les causes des dysfonctionnements de la ligne, la pertinence des mesures pour y remédier, d'évaluer l'impact de l'arrivée du nouveau matériel à deux niveaux et des mesures de lutte contre le vandalisme... Les instances statueront sur la pertinence de cette commission d'enquête le 6 décembre prochain.

L'Assemblée Nationale envisagerait-elle de se muer en cabinet d'expertise ferroviaire pour le compte des autorités organisatrices ?

Publicité
Publicité
24 novembre 2011

MF77 : une affaire franco-italienne

Le 28 octobre dernier, le tribunal de commerce de Marseille a condamné la RATP à poursuivre le marché de rénovation des rames MF77. Attribué en 2003 à STP Rail, c'est à dire aux ateliers de Cannes La Bocca, ce marché comprend une tranche ferme de 66 trains destinés à la ligne 13 et une option pour le solde de 130 rames, exploitées sur les lignes 7 et 8. En principe, la rénovation des rames de la ligne 13 devait être achevée en 2006... et elle ne l'est toujours pas. Entre les différentes reprises de l'entreprise, aujourd'hui AnsaldoBreda France, filiale de Finmeccanica, et la médiocre qualité de traitement, le programme a pris cinq ans de retard, et les rames revenant en ligne subissent un taux d'incidents trois fois supérieur aux rames non rénovées.

La RATP a alors répliqué en demandant à AnsaldoBreda 19 millions d'euros de pénalité pour non respect du contrat, tant sur les délais que la qualité, et mis en demeure l'entreprise de terminer le programme de la ligne 13 avant la fin de l'année.

Le cas des lignes 7 et 8 est plus complexe : les rames ont 30 ans et le programme de rénovation permet de reporter de dix ans la réforme du parc, lissant ainsi les investissements de renouvellement du matériel. Compte tenu de la vitesse à laquelle AnsaldoBreda sort les rames MF77 de rénovation, la durée d'amortissement de l'opération s'en trouverait écourtée. Selon la RATP, il faudrait engager le renouvellement du matériel dès la sortie de rénovation de la dernière rame.

A l'inverse, ne pas rénover le parc des lignes 7 et 8 laisserait ce matériel dans un état passablement défraichi : le nouvel éclairage, les nouvelles couleurs et la disposition des sièges retenus sur la ligne 13 ont permis d'améliorer ce matériel. En outre, il faudrait alors préparer un nouveau marché de matériel roulant qui comprendrait ces deux lignes, mais aussi les lignes 3, 10, 12 (en MF67 jusque vers 2018 - 2025) et la ligne 13 en fin de marché, soit six lignes et près de 300 rames à acquérir, rien que pour les lignes fer : ne parlons pas des lignes à roulement pneumatiques (renouvellement sur les lignes 6 et 11, acquisitions pour la ligne 14) et encore moins de l'hypothétique rocade !

Bref, l'affaire MF77 est devient d'autant plus complexe que la stratégie de renouvellement du parc risque en partie de se décider au tribunal, qui, il faut bien l'avouer, n'est pas forcément le mieux placé pour définir une solution industrielle pertinente...

21 novembre 2011

Débat sur la tarification unique, suite

Alors que les frimas de l'automne réapparaissent, rien de tel qu'un bon débat politique sur les transports parisiens pour réchauffer l'ambiance ! En 2010, pour s'assurer une majorité, le président sortant avait conclu un accord avec le mouvement écologiste qui prévoyait notamment la mise en oeuvre d'une tarification unique des transports franciliens. Celle-ci n'étant toujours pas à l'ordre du jour, ces derniers menacent de ne pas adopter le budget 2012 de la Région si la proposition n'est pas intégrée.

Pour l'instant, ce que l'on sait, c'est que le coût de cette mesure serait de 250 millions d'euros par an, à la charge de l'autorité organisatrice, dans une hypothèse à 65 euros pour tous. Une bagatelle : c'est l'équivalent de l'achat, annuel, de 100 rames de tramway ou de 40 rames de métro...

Or déjà, ce chiffre de 65 euros fait tiquer les élus parisiens, puisqu'il représenterait une hausse d'une dizaine d'euros par mois de l'abonnement pour les zones 1 et 2. Pour stabiliser la contribution de la collectivité, le tarif mensuel nécessaire serait de 91 euros. Evidemment, pareil chiffre accentue l'opposition de la zone la plus dense, la plus peuplée, et pas forcément la plus riche.

A défaut de faire supporter ce coût sur les usagers, et faute de pouvoir augmenter la contribution des collectivités aux budgets serrés, les entreprises pourraient être sollicitées : opposition totale du côté du MEDEF qui rappelle qu'il contribue déjà à 45% au déficit d'exploitation par le Versement Transport.

Question de fond : est-il justifié d'unifier la tarification sur un territoire aussi vaste que l'Ile de France ? Il faut bien admettre que le coût d'un voyageur augmente avec la distance à parcourir alors que le potentiel de trafic s'éloigne au fur et à mesure qu'on s'éloigne de Paris. Bref, aller chercher un voyageur de plus du côté de Souppes-sur-Loing ou de Nogent l'Artaud coûte bien plus cher à la collectivité que prendre en charge un usager de plus entre Clamart et Paris.

Par ailleurs, n'est-il pas étrange, de promouvoir une baisse considérable du coût du transport en le déconnectant de la distance, de la part d'une tendance politique qui milite, à juste titre d'ailleurs, pour une densification urbaine des territoires de petite couronne pour réduire les distances parcourues et l'usage de l'automobile dans une grande couronne au maillage par les transports publics bien plus faible ? En effet, on sait très bien qu'une telle mesure aurait un effet majeur sur les modes de vie en ouvrant les vannes à un étalement urbain qui, justement, rend difficile et onéreuse l'attractivité des transports en grande couronne et génère un usage de l'automobile bien plus important qu'en zone dense. Ou comment la démagogie (tarifaire) peut conduire à contrarier les fondements d'un raisonnement politique (sur les méfaits de l'étalement urbain) qui n'est pas dénué d'un certain bon sens...

17 novembre 2011

CDG Express : Vinci se retire

En se retirant du projet CDG Express, Vinci devrait précipiter l'annonce de l'abandon du projet CDG Express, déjà passablement malmené par l'apparition du projet phare de l'Etat de métro de rocade du Grand Paris. Chronique d'une mort annoncée ?

8 novembre 2011

Tramways : 107 rames commandées

107 rames de tramway pour plus de 280 millions d'euros, c'était le principal sujet de la signature du contrat de crédit-bail entre le STIF, la RATP et l'organisme bancaire bailleur pour la fourniture des rames nécessaires à l'extension du tramway des Maréchaux, et la création des lignes T5, T6, T7 et T8.

Dans le lot, 24 rames pour le premier projet, 15 pour le deuxième, 28 pour le troisième, 19 pour le troisième et 20 pour le dernier, à livrer dans le cadre du phasage des projets, puisque 31 rames sont prévues en deuxième étape pour les extensions de T7 à Juvisy et de T8 à Paris.

107 rames, mais pas un marché unique : pour les Maréchaux, il a simplement fallu puiser dans la tranche optionnelle du marché de 2003, de 70 rames, dont 21 avaient été commandées pour la première phase en service depuis cinq ans. 24 Citadis 402 au gabarit 2,65 m seront donc réceptionnés pour le prolongement de T3 de la porte d'Ivry à la porte de Vincennes et la nouvelle ligne Porte de Vincennes - Porte de la Chapelle.

Pour T7 et T8, Alstom fut aussi désigné lauréat de l'appel d'offres, avec du Citadis aussi, mais avec des rames de 32 m et au gabarit 2,40 m.

Pour T5 et T6, on nage en plein délire avec du Translohr avec dans le premier cas des rames de 24 m offrant 120 places (c'est à dire pas plus qu'un bus articulé) au prix colossal de 3,4 millions d'euros par rame soit 28333 € par place offerte, et dans le deuxième des rames de 46 m offrant 250 places au prix de 5,2 millions d'euros soit 21666 € la place, le tout au gabarit 2,20, et bien évidemment strictement incompatible avec les autres tramways. En comparaison, les rames de T7 et T8 aboutissent à un ratio à la place de moins de l'ordre de 8000 €. A l'heure de faire des économies avec l'argent public, T5 et T6 dénote dans le paysage...

Bref, malgré les apparences de la communication, côté tramways en Ile-de-France, c'est toujours en ordre dispersé que les lignes apparaissent, faute d'un schéma de développement cohérent, dont l'absence occasionne cette hétérogénéité du parc, et des surcoûts de conception des projets puisque les installations de maintenance ne peuvent être mutualisés.

Par conséquent, par l'absence de réelle planification du développement des tramways, il est impossible de concevoir des marchés de grande taille comme dans les réseaux tels Bruxelles (183 rames) ou Berlin (99 rames) de nature à faire baisser les coûts unitaires et susciter une plus forte émulation entre les industriels, mais aussi de favoriser un plan cohérent sur le plan géographique qui favoriserait la constitution de sites de maintenance multilignes. A raison de 20 à 25 millions d'euros par dépôt, nul doute qu'il y a là une source de rationalisation des investissements.

Malheureusement, la situation actuelle laisse aux élus locaux toute latitude pour développer les projets en fonction d'intérêts parfois peu justifiables : autant la transformation du 183 Paris - Orly en tramway est incontestable compte tenu du trafic et des enjeux urbains, autant le projet Croix de Berny - Clamart n'était pas vraiment la priorité en matière de réponse à la surcharge du réseau de bus en banlieue au regard de la fréquentation du 395...

Ce schéma de développement aurait aussi permis d'éviter l'absurdité du T5, soit en préconisant un site propre pour des autobus soit un tramway économique mais connecté au T1 (ne serait-ce que pour mutualiser les rames de réserve) et potentiellement au T8 (une voie de service aurait permis de ne faire qu'un site de maintenance et d'abaisser encore la facture du projet T5 en diminuant le coût d'infrastructure... en plus du coût du matériel). Bref, entre T1 et ses extensions, T5 et T8, il y avait un terrain extrêmement favorable à la démonstration par l'exemple des vertus d'un réseau de lignes connectées.

Il aurait aussi mis en lumière les insuffisance de capacité, tant en statique qu'en dynamique, du Translohr sur T6, notamment par le taux de saturation de l'infrastructure plus élevé dès la mise en service, limitant les possibilités d'augmentation de capacité avec la hausse du trafic.

En réalité, cette signature avait deux objectifs : d'une part, montrer que la RATP et le STIF avait trouvé le moyen de contourner les complications législatives issues de la loi entraînant le transfert de la propriété du matériel au STIF à l'issue d'une période de transition qui court jusqu'en 2029, date de possibilité de mise en concurrence des lignes de tramways; d'autre part, présenter les nouveaux habits de ces lignes de tramways avec les livrées définies par l'autorité organisatrice et son exploitant.

Publicité
Publicité
3 novembre 2011

Premier train automatique sur la ligne 1

Jeudi 3 novembre 2011 : les premières rames MP05 automatiques sont mises en service sur la ligne 1 Château de Vincennes - La Défense. La plus ancienne des lignes du métro, mais aussi la plus fréquentée avec 725 000 voyageurs par jour et la deuxième par son trafic annuel rapporté à sa longueur (12,7 millions de voyageurs / km) entre ainsi dans une nouvelle ère.

200108_MP89nation1

Nation - 20 janvier 2008 - MP89 en direction de Vincennes : c'était "avant". Il n'y avait ni façades de quais ni rames automatisées. Déjà une image d'une autre époque. © transportrail

L'automatisation de la ligne 1 a été envisagée dès 2003, confirmée en 2004 à l'issue d'études techniques et économiques. Par son trafic, par son rôle essentiel sur le maillage du réseau (16 des 50 stations les plus fréquentées sont sur la ligne 1), son tracé au coeur du centre économique de l'agglomération parisienne, les à-coups du trafic (pendant les fêtes, lors des grands départs en vacances, les soldes, les manifestations culturelles... ou un problème d'exploitation sur le RER A), la ligne 1 revêt un caractère stratégique pour le fonctionnement du réseau qui justifiait pour la RATP une telle modernisation de l'exploitation, offrant une souplesse accrue (l'expérience de la ligne 14 l'a d'ailleurs confirmé) et une sécurité renforcée des voyageurs et des circulations, par l'installation des façades de quai.

L'automatisation permet de réduire l'intervalle minimal à 85 secondes contre 105 : dans un premier temps, l'offre de la ligne 1 restera à l'identique mais des renforcements pourront être mis en oeuvre plus aisément compte tenu de la capacité accrue du système d'exploitation. La vitesse commerciale devrait passer de 27 à 30 km/h, du fait de l'augmentation de la vitesse de pointe dans certaines interstations et de la possibilité de rentrer à vitesse accrue en station du fait de la présence des façades de quai.

Initialement, la mise en service du premier train automatique était envisagée mi 2009, mais la complexité du projet a induit un retard important. Jusqu'à présent, seul Nuremberg a automatisé une ligne de métro pré-existante, mais, reconnaissons-le, dans un contexte différent avec un niveau de trafic nettement moindre. C'est la première fois qu'une ligne de métro à fort trafic est automatisée sans interruption lourde de son exploitation : les travaux ont été réalisés pour l'essentiel la nuit, entre 1h30 et 5h30, et seuls certains travaux lourds en station ont nécessité des fermetures ponctuelles, ou des prises de service décalées le dimanche matin pour procéder aux essais.

L'opération, financée par la RATP, a nécessité un investissement de 600 millions d'euros, dont 400 pour l'acquisition du matériel roulant et 200 pour le système d'exploitation, la création d'un poste de commandement centralisé dédié et l'installation des façades de quai sur l'ensemble de la ligne. Par ailleurs, les stations ont été rénovées et les quais légèrement relevés pour améliorer l'interface entre le quai et le train.

L'automatisation sera complètement réalisée fin 2012, lorsque le parc de 49 rames MP05 sera opérationnel.  Huit rames sont mises en service aujourd'hui et chaque mois, deux rames viendront les rejoindre. Ces rames d'allure similaire au MP89 présentent toutefois plusieurs améliorations : la ventilation réfrigérée, des écrans d'information dynamique, une insonorisation améliorée (le roulement du MP89 à haute vitesse étant particulièrement bruyant, confirmant s'il le fallait que le pneu n'est pas une garantie de silence), et une nouvelle décoration intérieure aux couleurs... disons étonnantes !

L'automatisation de la ligne 1 bénéficie à la ligne 4 qui récupère les 52 MP89 introduits à partir de 1997 sur la ligne 1. Les MP59 pourront donc partir en retraite après un service particulièrement intensif sur la plus chargée des lignes du réseau parisien (16,5 millions de voyageurs annuel / km) alors que celle-ci sera prochainement prolongée à Montrouge puis à Bagneux.

Bref, en faisant d'une pierre deux coups, cette opération démontre que le réseau existant peut être modernisé en apportant des réponses adaptées aux besoins de déplacements dans l'agglomération parisienne : certes, un tel projet n'est pas simple surtout par l'impérieuse nécessité de préserver l'exploitation ; certes, il n'a pas l'aspect médiatiquement novateur d'une nouvelle ligne, de nouvelles stations, ni même d'un nouveau matériel, le MP05 étant une évolution du MP89. Néanmoins, il apporte des réponses concrètes et sans remettre à 20 ou 25 ans l'espoir de voir s'améliorer les conditions de transport au quotidien en Ile-de-France.

L'automatisation de la ligne 1 constitue aussi une vitrine du savoir-faire de l'ingénierie de la RATP, sachant qu'aujourd'hui, 70% des nouvelles lignes de métro dans le monde sont sans conducteurs, et qu'un marché va s'ouvrir pour automatiser les lignes existantes, au fur et à mesure du besoin de modernisation des équipements d'exploitation. Un marché sur lequel la RATP ne veut pas rester sur le quai...

Notre dossier sur les MP89 et MP05.

Publicité
Publicité
Publicité