RATP : plus de biogaz et moins d'électriques
Changement radical de posture pour la décarbonation du parc d'autobus de la RATP. A l'origine, la RATP annonçait un puissant essor de l'autobus électrique qui devait constituer 80% de son effectif en 2025. Avec actuellement environ 150 bus électriques dans ses dépôts, le rythme des livraisons est incompatible avec cet objectif et le maintien de coûts d'achat élevés ne rend pas l'objectif plausible, d'autant que subsistent des questions assez déterminantes sur l'autonomie de ces véhicules. Economiquement, le bus électrique est au moins 2 fois plus cher que l'autobus thermique au gasoil : de l'ordre de 450 000 € pour un véhicule de 12 mètres, contre 230 000 € pour les motorisations conventionnelles... et il faut ajouter en moyenne 200 000 € tous les 7 ans pour le renouvellement des batteries. L'autobus hybride est un peu moins cher - 350 000 € - mais ses résultats ne sont pas jugés assez efficaces. Reste donc le bus à moteur thermique fonctionnant au biogaz, qui, à 300 000 €, semble présenter un bon rapport coût - efficacité.
Résultat, l'objectif est abandonné si tant est qu'il eut été possible de l'atteindre : la RATP annonce un effectif de 1500 bus électriques en 2025, soit un petit tiers du parc, complété par les 1000 véhicules hybrides déjà livrés. C'est donc le biogaz qui devrait tirer son épingle du jeu avec un effectif qui devrait atteindre 2200 véhicules soit près de 10 fois plus qu'aujourd'hui, puisque seuls les dépôts de Créteil et de Massy sont équipés pour recevoir ces véhicules (et les stations de recharge associées). Ainsi, après le premier appel d'offres, initialement prévu pour 1000 bus électriques mais qui devrait accoster entre 780 et 800 voitures, devrait être annoncé un nouveau marché de 700 autobus l'année prochaine.
A l'échelle régionale, Ile de France Mobilités annonce à horizon 2030 que les autobus électriques représenteront 30% de l'effectif. Les 70% restants fonctionneront au biogaz.
Néanmoins, une consultation est en cours pour la fourniture d'autobus bi-articulés électriques, ainsi que leur dispositif de recharge, pour les futures lignes TZen4 et TZen5, ce qui devrait se traduire par une compétition entre Van Hool et son Exqui.city et Hess avec son Lightram.
Bus RATP : une transition très progressive
L'abandon de l'autobus Diesel dans le parc de la RATP est très progressif. L'objectif initial d'un parc composé à 80% de bus électriques en 2025 apparaît de moins en moins réaliste et il n'y est plus véritablement fait référence.
En ce début d'été, la situation du trio hybride - gaz naturel - électrique est la suivante :
- 1093 autobus hybrides type Citélis 12, Urbanway 12, Urbanway 18, GX337, GX427, GX437 et Lion's City ;
- 307 autobus au gaz naturel : Lion's City, GX337, Urbino 18 et Citywide ;
- 107 autobus électriques : Bluebus et GX337.
Paris - Place Raoul Dautry - 6 juin 2020 - Urbanway 12 hybride à droite sur la ligne 96, GX337 électrique sur la ligne 28 à gauche : tous deux avec la tristounette livrée du moment de l'autorité organisatrice. Seule la petite mention à l'arrière du véhicule indique le type de motorisation. Les GX337 électriques se révèlent un peu plus nerveux que les Bluebus : il faudra néanmoins évaluer ces véhicules à l'aune de leur autonomie. En revanche, toutes ces nouvelles livraisons sont en configuration à 2 portes. © transportparis
Pont de Choisy - 20 mai 2020 - Une première à la RATP : les Solaris Urbino 18 équipent la ligne 393, avec une motorisation au gaz. Sur ce cliché, on remarque aussi la piste cyclable temporaire qui prend une voie de circulation de chaque sens... mais heureusement sans dommage sur le site propre pour les autobus ! © H. Sorel
Dans les commandes notifiées restant à honorer, on compte :
- 50 Aptis électriques ;
- 110 Bluebus ;
- 54 GX337 électriques ;
- 37 GX437 hybrides ;
- 38 GX337 au gaz ;
- 73 Urbanway 12 au gaz ;
- 9 Urbino 18 au gaz.
Ce qui porterait les effectifs à 321 autobus électriques, 1130 autobus hybrides et 427 autobus au gaz. A leur livraison, qu'on peut envisager dans le meilleur des cas pour la fin d'année, le parc d'autobus électrique ne représenterait encore que 6% de la flotte de la RATP. Autant dire que l'objectif de 80%, qui représenterait plus de 3700 voitures, semble assez peu réaliste.
On notera aussi que la configuration à 3 portes n'a pas été généralisée : seuls les Urbanway 12 affectés à la ligne 122 ont dérogé à la règle des 2 portes sur les véhicules de 12 mètres. Etrange...
Côté Optile, c'est plus difficile (du fait de la multiplicité des réseaux : si quelqu'un se sent le courage de consulter la base TC Infos, équivalent de Siloé qui concerne la RATP), l'autobus électrique est pour l'instant rare sinon rarissime : les motorisation hybrides et au gaz sont les deux seules solutions alternatives mais les livraisons de véhicules Diesel Euro6 ne se sont pas totalement éteintes.
Saint Germain en Laye - Rue de la Surintendance - 8 septembre 2018 - Transition des motorisations aussi dans la galaxie Optile avec pour illustration ici un Volvo 7900 hybride, constructeur peu présent en Ile de France. Ce véhicule de Transdev circule ici sur la ligne 5 Saint Germain - Poissy - Conflans et l'affluence est importante en raison des reports de trafic générés par les travaux EOLE. © transportparis
RATP : le retour des Standards à 3 portes
Enfin ! Les dernières livraisons d'autobus standards à la RATP réservent une bonne surprise : les Urbanway 12 hybrides affectés à la ligne 122 Galliéni - Val de Fontenay renouent avec la configuration à 3 portes. Elle avait été assez éphémère cependant, puisque depuis la suppression de l'exploitation à 2 agents, la RATP avait adopté la configuration à 2 portes. Les 939 R312 livrés entre 1988 et 1993 puis les 21 GX317 livrés en 1995 avaient été une - heureuse - parenthèse qui fut rapidement refermée sur des motifs liés à la lutte contre la fraude.
Rosny sous Bois - Rue Babeuf - 23 août 2019 - Si la livrée Ile de France Mobilités est maintenant bien connue, la nouveauté sur cette nouvelle livraison d'Urbanway 12 est la configuration à 3 portes ! © transportparis
Paris - Place de la Concorde - 1er décebre 2012 - La série de 21 GX317 1001 à 1021 fut à la fois la première livraison d'autobus à plancher bas à la RATP en juin 1995 mais aussi la dernière circulation d'autobus à 3 portes de la régie en 2014. © transportparis
On avait déjà assisté à l'adoption du diagramme à 4 portes sur les autobus articulés à l'iniative d'Ile de France Mobilités. Le retour du diagramme à 3 portes sur les standards s'inscrit dans cette continuité.
Bus RATP : nos dossiers mis à jour
Il y en avait besoin : après la grande actualité de la restructuration du réseau parisien, transportparis toilette ses dossiers consacrés d'une part à l'évolution du parc d'autobus de la RATP depuis le début des années 2000 et de leur livrée, avec la percée assez nette du trio bleu-gris-noir adoptée par Ile de France Mobilités pour l'ensemble des véhicules franciliens.
Bonne lecture...
RATP : les bus articulés continuent leur - lente - progression
Deux nouvelles lignes ont été converties à l'autobus articulé en fin d'année 2018 : la ligne 180 Villejuif (Louis Aragon) - Charenton (Ecoles) et la ligne 275 La Défense - Pont de Levallois, respectivement en remplacement de Citaro C2, mutés sur les lignes, 297 et 299 principalement et d'Agora S V3 partant à la réforme. Dans les deux cas, l'exploitation est désormais assurée par des Urbanway 18 hybrides.
Courbevoie - Place Hérold - La ligne 275 bénéficie de l'augmentation de capacité uniquement en semaine, le service des samedis et dimanches demeurant assuré en autobus standards. Première affectation pour les voitures de la ligne 275, qui arborent la nouvelle livrée Ile de France Mobilités. © transportparis
Le rythme d'équipement reste lent, tributaire de l'augmentation de capacité de remisage des dépôts et des aménagements de la voirie pour faciliter l'insertion de ces véhicules. La prochaine conversion concernera une ligne parisienne très attendue : la ligne 38 Gare du Nord - Porte d'Orléans.
Grand Paris des bus : ça va fumer...
C'est tout sauf une surprise, mais cela donne lieu à une petite passe d'armes entre la RATP et Ile de France Mobilités. En avril 2019, le réseau d'autobus parisien sera réorganisé et au final, il nécessite 118 véhicules supplémentaires. Si on s'en tenait à ce seul point, il n'y aurait pas de débat.
Mais en parallèle, le plan Bus 2025 patine un peu. La transition énergétique du parc de la RATP mise beaucoup sur l'autobus électrique à batteries, avec en point d'orgue l'appel d'offres pour 1000 autobus qui n'a toujours pas été attribué et dont on sait déjà que les délais de livraison seraient à peu près deux fois plus long que pour les autobus Diesel, hybrides ou au gaz. Autre inconnue peut-être de nature à freiner le processus : le montant des offres et la gestion des batteries. Si on ajoute la décision d'Ile de France Mobilités d'arrêter les commandes de bus hybrides, au bilan économique insuffisant, on comprend aisément la situation de blocage, très inconfortable à assumer politiquement.
Paris - Place d'Italie - 17 avril 2018 - Coup de frein sur la réforme des autobus Diesel : certaines séries - on ne connait pas encore lesquelles - vont être repêchées faute d'une succession conforme au plan de transition énergétique en temps et en heure. © transportparis
La facilité serait de déshabiller les lignes de banlieue pour récupérer des véhicules plus récents, notamment des bus hybrides, mais la mesure serait évidement inacceptable pour les communes de banlieue. La RATP a annoncé qu'elle n'avait d'autre solution que de prolonger le service de 118 autobus Diesel qui auraient dû être réformés. Ces véhicules, qui ont une quinzaine d'années, sont dotés de moteurs Euro3 au minimum et d'un filtre à particules. Ils vont bénéficier d'une remise à niveau de la motorisation et des intérieurs pour assurer la soudure avec de nouveaux véhicules plus propres.
Petit tour d'horizon rapide en novembre 2018 des véhicules dits propres :
RATP : deux nouvelles lignes de bus en articulés
D'ici la fin de l'année, deux lignes vont être dotées d'autobus articulés. Le projet porté par Ile de France Mobilités prend du temps, entre les délais de livraison du matériel, l'adaptation des dépôts et les modifications ponctuelles de voirie.
Ainsi, le 5 novembre prochain, les voyageurs de la ligne 180 Villejuif Louis Aragon - Charenton Ecoles découvriront leurs nouveaux véhicules : des Urbanway 18 hybrides, déjà réceptionnés et actuellement engagés dans l'attente de la fin des travaux sur différentes lignes (notamment 27 et 62). Le tracé sera modifié dans Vitry pour faciliter la circulation des autobus articulés. Remisée actuellement à Vitry, elle sera mutée à Ivry.
Vitry sur Seine - Avenue de la Libération - 14 août 2015 - Sur le site propre de la ligne 183, qui accueillera prochainement le tramway T9, un Citaro C2 sur la ligne 180, dernier matériel standard engagé sur la ligne avant l'introduction d'autobus articulés qui viendront améliorer les conditions de transport des voyageurs sur cet axe. © transportparis
Le 3 décembre suivant, ce sera le tour de la ligne 275 La Défense - Pont de Levallois : même matériel roulant... mais en semaine uniquement, car les samedis et dimanches, cette ligne repassera en autobus standards en utilisant le parc de la ligne 278 La Défense - ZAC des Bruyères qui, elle, fait relâche le week-end.
Courbevoie - Place Hérold - 11 septembre 2010 - Courte ligne assurant la connexion de Courbevoie d'une part à La Défense et d'autre part au terminus de la ligne 3 du métro à Levallois, le 275 n'en est pas pour le moins chargé. Cependant, les bus articulés ne seront présents qu'en semaine. © transportparis
Hybride : c'est fini en Ile de France ?
La transition écologique des autobus en Ile de France connaitrait-elle son premier accroc ? Avec actuellement 900 bus hybrides pour la seule RATP, on ne peut plus dire que cette technologie est toujours en phase d'expérimentation. Et le bilan qu'en fait Ile de France Mobilités, en comparant avec des bus Diesel Euro6 est sans appel :
- surcoût d'acquisition de 50%
- diminution des émissions polluantes de 15 à 20%
- coût de possession sur la durée de vie complète supérieure de 35 à 40%
- pas d'amélioration des performances depuis les premiers véhicules acquis
- pas d'effet du volume sur le coût d'acquisition
Noisy le Grand - Avenue des Monts d'Est - 6 avril 2018 - Les autobus hybrides (ici un Urbanway 12 sur la ligne 10 Nogent sur Marne - Noisy le Grand Mont d'Est) représentent tout de même un peu plus de 20% du parc de la RATP... et ce n'est que maintenant qu'on s'aperçoit que cette motorisation n'est pas forcément la bonne affaire présentée à l'origine... © transportparis
Juvisy - Rue Jean Dannaux - 21 mars 2018 - Les réseaux urbains du groupement Optile ont aussi alimenté les carnets de commande d'autobus hybride : ici Keolis avec le réseau Seine Sénart et ce Lion's City sur la ligne 17 reliant Juvisy à Draveil. © transportparis
Pour autant, l'autobus électrique avec batteries est encore balbutiant, le coût d'acquisition reste très élevé et l'effet volume reste pour l'instant assez incertain. Sans compter les problèmes structurels liés aux batteries...
Parc bus RATP : après les hybrides ?
Après la décision d'Ile de France Mobilités d'arrêter les commandes d'autobus hybrides au vu de leur faible avantage économique, l'avenir de la motorisation du parc de la RATP est assez incertain. Le Plan Bus 2025 de l'entreprise a pour cible un équipement à 80% en véhicules électriques... mais encore faudrait-il que le marché s'agite. Et pour qu'il s'agite à une échelle aussi vaste que celle de la RATP, les zones d'ombre sont encore nombreuses, à commencer par l'autonomie, le type de recharge, la dépendance vis à vis de systèmes captifs de captage du courant, le coût de possession des véhicules et de leurs batteries. Pour l'instant, seule la ligne 341 est équipée de Bluebus électriques et 3 autres lignes de la RATP (72, 115 et 126) ont été annoncées avec différents types de captage, mais on peut tout de même considérer que vue la taille du parc de la RATP, il sera difficile de juxtaposer durablement différentes solutions techniques et qu'il faudra donc choisir... En l'état actuel, cette sélection est difficile.
Les dernières livraisons d'autobus hybrides sont en cours : ainsi, le parc sera constitué de 800 voitures dont :
- 237 GX337
- 16 Citélis 12
- 187 Urbanway 12
- 191 Lion's City
- 153 Urbanway 18
- 14 GX427
- 2 GX437
Courbevoie - Avenue Marceau - 27 novembre 2017 - Au final, la part des hybrides ne dépassera pas 17% du parc de la RATP. Les amateurs pourront donc s'amuser à les traquer hors de leurs lignes habituelles : voici un exemple avec ce GX337 du dépôt de Charlebourg sur la ligne 176 alors qu'il est affecté habituellement à la ligne 73. © transportparis
En attendant, la filière au gaz naturel profite de ce flou électrique puisque, après les 104 Lion's City, débutera prochainement la livraison de 48 Urbino 18, constituant la première percée de Solaris à la RATP. En outre, elle a récemment attribué un marché plafonné à 200 véhicules à IvecoBus qui placera des Urbanway 12.
Il y a eu des bus propres à Paris : les trolleybus !
Alors que le verdissement du parc d'autobus en Ile de France semble connaître quelques interrogations quant à l'intérêt économique et environnemental des autobus hybrides, et face au coût élevé des autobus électriques dans leurs diverses versions, petite piqure de rappel : une solution existe depuis plus d'un siècle, fiable, au modèle économique connu et qui plus est indépendant de techniques brevetées. Le trolleybus ! Et celui-ci, considéré comme ringard en raison de ses lignes aériennes dans l'esprit commun, est discrètement en train d'évoluer pour ne plus être totalement dépendant d'installations électriques continues en ligne.
Lyon - Place des Terreaux - 6 juin 2014 - Dernier trolleybus français produit, le Cristalis pêche par une motorisation complexe, un coût élevé et une fiabilité moyenne. Il a cependant permis de pérenniser le réseau lyonnais. Les lignes aériennes savent se faire discrètes même dans un quartier classé au patrimoine de l'UNESCO... © transportparis
Milan - Via Nicola Sauro - 20 juin 2015 - A Milan, les trolleybus assurent essentiellement le service sur la seconde ceinture. L'AG330T de Van Hool constitue le matériel le plus moderne. Il est également très réussi : souple, fiable et silencieux, tout en reposant sur des bases connues et standardisées de l'autobus classique. © transportparis
C'est peut-être lui l'avenir ? Le Swisstrolley Plus de Hess présente la particularité de disposer de batteries de grande capacité pour circuler en autonomie et ainsi limiter le besoin en infrastructures, tout en maximisant le périmètre d'utilisation de ces véhicules. L'expérimentation en cours porte sur des lignes entièrement dotées de bifilaires et une ligne équipée sur le tiers de sa longueur, ce qui semble suffisant pour recharger les batteries. Le tout avec une technique de captage basique. (cliché VBZ)
Ce dossier historique de transportparis est aussi l'occasion de rappeler que, de 1943 à 1966, 4 lignes de banlieue furent dotées de trolleybus, non pas en remplacement des tramways, mais bien des autobus, du fait de la pénurie de carburant pendant la guerre. Un plan de conversion avait été établi durant les années sombres et intégré au Plan Monnet de reconstruction, qui prévoyait aussi une recherche de l'indépendance énergétique (soyons honnêtes : une moindre dépendance) pour éviter d'amplifier le déséquilibre de la balance commerciale. Sur une trentaine de lignes, seules 2 furent concrétisées outre les 2 lignes expérimentales de la porte de Champerret. A son apogée, le parc de trolleybus de la RATP comptait 98 véhicules, autant dire rien par rapport à la taille du réseau. Lyon en possédait à la même époque environ 360 !
Levez les perches et bonne lecture !