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transportparis - Le webmagazine des transports parisiens

Quand le tramway parcourait Fontainebleau

Au-delà des tramways parisiens, c'est à dire le réseau de la STRCRP, disparu en 1937, quelques villes périphériques de la région parisienne ont été desservies par des réseaux urbains. Il y avait bien évidemment Versailles, qui vit circuler les derniers tramways en 1957, premier réseau plus vraiment parisien mais pas encore provincial. Deux autres réseaux ont existé : Melun et Fontainebleau, sur lequel se penche ce dossier de transportparis.

Petite histoire des tramways de Fontainebleau

Comme à Melun, la gare de Fontainebleau a été implantée à l’écart de l’habitat historique, sur la commune d’Avon, ce qui motiva le souhait des commerçants de doter la ville d’un tramway. L’échec du « train routier Scotte » en renforça l’intérêt. Le 6 janvier 1896, ils fondaient avec l’Omnium Lyonnais la Compagnie des Tramways de Fontainebleau, dont le projet de première ligne à voie métrique entre la gare et le château était approuvé 5 mois plus tard. Avec empressement, les tramways débutaient leur service le 29 septembre de la même année, la CTF ayant construit les 3,2 km de la ligne à voie unique (avec un évitement), la centrale de production électrique et reçu les petites motrices à voie métrique.

L’arrivée du tramway suscita un certain enthousiasme, notamment de la part des visiteurs du château, qui trouvaient ainsi un moyen commode et rapide d’y accéder depuis le train d’autant que le service était bien conçu pour assurer les correspondances.

CP-tram-fontainebleau

Sur l'avenue de la gare : le tramway de Fontainebleau apporte une certaine modernité au paysage et, déjà, la réclame envahit les motrices pour procurer à la compagnie quelques recettes en faisant l'article des commerces locaux et autres produits alcoolisés.

CP-tram-fontainebleau2

Encore un apéritif bien connu, incontournable sponsor des réseaux urbains, mais avec aussi la réclame pour le grand magasin bellifontain. La motrice est vue sur l'évitement de la place de l'Etape, dans un quartier qui aujourd'hui encore est très commerçant.

Utile également pour la population locale, il fut prolongé au pont de Valvins le 20 août 1899 et à la gare de Vulaines-Samoreau en rive droite de la Seine le 19 juin 1909. L’extension portait le réseau à 6,2 km. Le village de Samois fut également desservi par une ligne de 4,6 km inaugurée le 13 novembre 1912, succédant à l’exploitation assurée depuis 1900 par électrobus primitif, ancêtre du trolleybus.

CP-trolley-samois

Terminus du trolleybus primitif à Samois : on aperçoit très distinctement le chariot moteur, surnommé "singe" et dont les chutes régulières provoquèrent la fin de cette technique hasardeuse.

Le service était assuré par 8 motrices de 50 chevaux d’une capacité de 36 places, construites par la SACM, rejointes en 1910 par 3 motrices type Carde de 33 places et 3 motrices CIMET de 43 places en 1913. Après la première guerre mondiale, la CTF récupéra temporairement 4 motrices du réseau de Melun, qui furent ensuite cédées au réseau de Cannes… qui en 1933, céda 3 motrices CIMT similaires à celles déjà en service à Fontainebleau. Pour augmenter la capacité, 7 remorques ouvertes et 3 fermées avaient également été acquises.

CP-tram-samois

Le tramway a donc été prolongé très rapidement à Samois dont l'aspect rural est bousculé par la modernité incarné par le tramway. Enfants et employés prennent ostensiblement la pose !

Cependant, l’économie précaire des lignes de Vulaines et Samois entraina leur fermeture en 1937, ce qui permit à la CTF de se défaire du matériel primitif. Si le service de la ligne principale était très efficace avec un départ toutes les 15 minutes aux meilleures heures, la gestion de l’entreprise était plus contestée et les conditions de sécurité pas toujours assurées, comme en attestent les 3 accidents survenus durant le service de ce réseau.

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Fontainebleau - Place Orloff - 12 juillet 1953 - Motrice CIMT et baladeuse ouverte pour cette rame bien garnie. Le tramway en correspondance avec les trains permet d'accéder aisément au château, mais il sera supprimé à peine six mois plus tard... © J. Bazin

Comme à Nantes, le tramway bellifontain était surnommé le « péril jaune » car il circulait au centre de la chaussée. Sans surprise, il fut de plus en plus contesté au fur et à mesure du développement de l’automobile, en particulier après la deuxième guerre mondiale. Le dernier tramway circula officiellement le 31 décembre 1953 avec une cérémonie officielle d’enterrement pas forcément du meilleur goût…

Voir la page consacrée aux tramways de Fontainebleau sur le site Connaissance du Rail.

tram-fontainebleau-gare

Gare de Fontainebleau-Avon - Probablement à l'été 1953 - Rare cliché en couleur des tramways bellifontains alors que la ligne du Château est l'unique survivante : l'autobus, même primitif, a pris la relève. A l'arrière-plan, on aperçoit la caténaire alors toute neuve sur la ligne Paris - Lyon.  (auteur non identifié, mais peut-être F. Fontaine ou Ch. Schnabel ?)

La desserte de Fontainebleau aujourd’hui

Aujourd’hui, le réseau urbain de Fontainebleau, exploité par Transdev, comprend 9 lignes urbaines desservant Fontainebleau, Avon, Héricy, Vulaines, Samois et Samoreau. Le service en 2018 est assuré par 7 autobus Mercedes Citaro, dont 2 articulés, 1 GX317, 4 GX327, 1 GX117 et 1 GX127.

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Fontainebleau - Grande rue - 1er novembre 2017 - Sur les traces du tramway qui passait dans la même rue, la ligne 1 du réseau bellifontain, avec un Citaro C2, qui assure la desserte jusqu'au château en ce dimanche. © transportparis

La ligne 1 Fontainebleau Les Lilas - Gare de Fontainebleau-Avon assure un service toutes les 10 à 15 minutes. Les autres lignes ont une offre nettement plus limitée avec au mieux un service toutes les 30 minutes. La ligne 1 marche sur les traces de l'ancien tramway, avec un tracé assez différent du fait de l'évolution du plan de circulation.

plan-bus-1-fontainebleau

Plan de la ligne 1 du réseau Aérial : le tramway faisait son terminus à hauteur de l'arrêt Cour des Adieux sur la rue Denecourt. Hormis la double boucle terminale, deux évolutions de tracé à noter : le passage par la rue Aristide Briand en direction de la gare et le terminus situé côté "impair" de la gare avec toutefois un arrêt de dépose au pied du bâtiment de la gare, côté "pair".

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