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transportparis - Le webmagazine des transports parisiens

Marne la Vallée, parc Disneyland : au-delà du RER ?

L’annonce récente de 2 MM€ d’investissements à partir de 2021 pour le développement du parc Disneyland Paris, installé à Chessy, attire l’attention sur l’évolution de ce secteur de l’Ile de France. Ce parc d’attraction représente à lui seul 6,2% des recettes touristiques françaises, avec 320 millions de visiteurs par an, et emploie 16 000 salariés, ce qui en fait la plus grande concentration d’employés sur le même site en France. Le site est situé au terminus de la branche Marne la Vallée du RER A et sur le tracé de l’interconnexion Est des LGV, ce qui lui procure une bonne desserte ferroviaire, qui peut encore progresser avec l’essor des TGV Intersecteurs et de l’offre Ouigo.

Quant au RER, la situation est un peu plus difficile, puisque la ligne A est déjà en limite de capacité. En outre, la branche de Marne la Vallée joue le rôle de métro dans la « ville nouvelle » puisque 45% des trajets sur la branche Vincennes – Chessy s’effectuent sur un périmètre allant de Noisy le Grand Mont d’Est à Chessy.

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Lognes - 8 septembre 2012 - Le RER A joue le rôle d'épine dorsale de l'agglomération de Marne la Vallée : il ne sert pas qu'à des liaisons d'ordre régional, et notamment vers Paris, puisque 45% des voyageurs de cette branche circulent entre Val de Fontenay et Chessy ! © transportparis

Deux raisonnements se rejoignent dans notre réflexion :

  • l’amélioration de la desserte des différents « secteurs » de Marne la Vallée, sa population, ses emplois, ses pôles universitaires, au-delà du dossier phare que constitue le Grand Paris Express, avec les lignes 15 et 16 à Noisy-Champs ;
  • l’accès au pôle d’emplois que constitue Disneyland et le secteur Est de la ville nouvelle.

Connexion au réseau Paris Est et devenir du tram-train de Crécy

Le parc Disneyland est finalement assez proche de l’axe Paris – Strasbourg. Les deux gares les plus proches sont celles de Lagny-Thorigny et d’Esbly sur la ligne P. Quoique plus urbaine, la première est aussi plus difficile d’accès pour rejoindre le pont de Thorigny, la gare étant située en rive droite de la Marne. En revanche, la gare d’Esbly est plus facile d’accès.

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Chessy - Avenue René Goscinny - 6 avril 2018 - Venu de La Ferté sous Jouarre, ce Crossway de la ligne 62 arrive à son terminus. L'aire de chalandise de la gare desservie à la fois par le RER et le TGV, est assez importante, sur une large partie de l'est de la Seine-et-Marne. © transportparis

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Meaux - Place Lafayette - 6 avril 2018 - La liaison entre Melun et Meaux est une des plus importantes du réseau Seine-et-Marne Express. Elle relie préfecture et sous-préfecture, via la gare du RER A de Torcy. © transportparis

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Gare routière de Torcy - 6 avril 2018 - La desserte de Torcy par la ligne 18 Melun - Meaux donne non seulement accès à une importante zone commerciale et d'emplois mais également au RER A, dont près d'un voyageur sur deux sur cette branche l'utilise comme le métro de Marne la Vallée. © transportparis

Ecartons d’emblée un prolongement du RER A, trop onéreux et surdimensionné, au profit de solutions plus légères et pouvant donc être concrétisées à une échéance moins lointaine.

Un projet de BHNS a été amorcé en 2014, objet d'une concertation publique en 2015, entre les gares d'Esbly, de Chessy et du Val d'Europe. D'une longueur de 10 km, avec 11 ou 12 stations, il relierait les deux terminus en une demi-heure avec un intervalle de 8 minutes à l'heure de pointe. Le trafic a été estimé à 14 000 voyageurs par jour. D'un coût de 117 à 142 M€, le tracé proposé quitte Esbly en longeant la boucle effectuée par la ligne de Crécy la Chapelle , puis s'insère dans l'extension du pôle d'échanges de Chessy avec une seconde gare routière au sud de l'ensemble RER-TGV. Le quartier du Val d'Europe bénéficierait de la desserte de la gare du RER, mais aussi du pôle universitaire en projet et du centre hospitalier.

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Une alternative plus lourde s'appuierait sur la ligne de Crécy la Chapelle avec un tramway rapide sur la RD50 puis les avenues Schumann et Goscinny afin d’arriver à la gare RER-TGV. En gare d’Esbly, le foncier est aisément disponible pour ajouter des voies supplémentaires sur le flanc sud. Le débranchement s’effectuerait assez aisément, certes avec une courbe de faible rayon, mais en profitant pour le coup des aptitudes du tram-train.

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Crouilly - 24 septembre 2011 - La navette entre Esbly et Crécy la Chapelle est assurée par une rame Avanto en surnombre sur T4. Formant un isolat d'exploitation vis à vis de la ligne Paris - Strasbourg, il serait relativement facile d'envisager une reconversion en tramway pour s'appuyer sur son accès à la gare d'Esbly dans le but de proposer une liaison ferrée légère entre Meaux et Chessy, contribuant à la liaison Meaux - Marne la Vallée. © transportparis

Comme à Gargan sur T4, ce débranchement devrait être opéré sous 750 V et non sous 25 kV, ce qui pose la question du maintien du courant alternatif sur la ligne de Crécy. Si on veut éviter un double changement de tension sur quelques centaines de mètres, une réelectrification en 750 V de la ligne de Crécy devrait être envisagée… et au passage sa sortie du RFN pour devenir un véritable tramway sous réglementation STRMTG. Avec une desserte au quart d’heure calée sur les correspondances à Esbly (Paris – Chelles – Meaux), l’amélioration de l’accès depuis le nord-est de la Seine-et-Marne serait assez sensible. Cette hypothèse est néanmoins plus coûteuse que le projet de BHNS et plus longue à mettre en oeuvre.

Desserte de Marne la Vallée

Le RER A assure une fonction de cabotage importante entre Chessy et Noisy le Grand qui représente près de la moitié des voyageurs de cette branche. L’arrivée à terme du Grand Paris Express et de la ligne 11 du métro à Noisy-Champs risque d’avoir un effet amplificateur. Se pose donc la question de la desserte « interne » à l’agglomération de Marne la Vallée, qui repose aujourd’hui uniquement sur des autobus, avec pour partie les lignes exploitées par la RATP et différents réseaux affiliés à Optile.

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Gare routière de Torcy - 6 avril 2018 - Arborant la nouvelle livrée Ile de France Mobilités, ce Citaro C2 assure la ligne 25 du réseau Pep's (moins flamboyant sans sa livrée rose) sur le trajet entre les gares de Torcy (RER A) et de Lagny-Thorigny (Transilien P). © transportparis

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Gare routière de Torcy - 6 avril 2018 - La RATP en limite de son territoire, avec ici un Lion's City hybride de la ligne 220 traversant Marne la Vallée entre Bry sur Marne et Torcy. La mise en place d'une desserte plus structurée sur ce territoire pourrait compléter l'armature linéaire assurée par le RER. Il y a peut-être matière à envisager un tramway dans cette agglomération dont la trame viaire est assez souvent généreusement dimensionnée mais pas toujours d'une grande simplicité... © transportparis

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Gare routière de Torcy - 6 avril 2018 - Autre itinéraire intéressant pour le secteur étudié, la ligne 421 relie les gares de Vaires-Torcy (Transilien P), Torcy (RER A) et de Villiers sur Marne (RER E). Si les illustrations de ce dossier vous en font voir de toutes les couleurs, la sobriété est de mise sur cette ligne co-exploitée par Transdev et la RATP. © transportparis

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Gare de Chessy - 6 avril 2018 - La ligne 34 du réseau Pep's assure la desserte des communes situées à l'est du parc d'attractions, qui sont connectées aux gares RER de Chessy et de Val d'Europe. Elle est exploitée en autobus articulés Citaro, notamment du fait de la desserte de plusieurs établissements scolaires. © transportparis

Dans notre schéma directeur des tramways franciliens, nous avions esquissé une nouvelle ligne entre les gares du RER A du Val de Fontenay et de Torcy empruntant la RN34, la RN370, la RD370 pour rejoindre la gare de Noisy-Champs (lignes 11, 15 et 16 du Grand Paris Express), et le campus Descartes. Desservant ensuite Noisiel, le cours du Luzard et la RD10P, le tramway atteindrait Torcy en ayant certes quelque peu serpenté, mais assuré une desserte de cabotage entre les principales gares du RER (Val de Fontenay, Neuilly-Plaisance, Noisy-Champs, Noisiel et Torcy). Seule la gare de Lognes serait à l’écart (à 250 m au sud-ouest du tracé du tramway).

D'autres liaisons de maillage entre les axes lourds peuvent être identifiés, notamment pour relier le RER A, le RER E et la ligne P :

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L’option d’un réseau de lignes de BHNS pourrait donc être une alternative assez sérieuse à condition de proposer une bonne capacité (bus articulés de 18 voire 24 mètres, fréquences de 5 à 10 minutes) et une performance élevée (vitesse moyenne de l’ordre de 22 à 25 km/h en combinant site propre et priorité aux intersections) avec des aménagements conséquents pour assurer la séparation des trafics et la qualité de service.

La liaison avec Roissy

Question soulevée dans les discussions suite à la parution de ce dossier, l'accès à l'aéroport Charles de Gaulle mérite en effet un petit chapitre à notre analyse. En RER, il faut compter 1h25 entre les terminus du RER A et du RER B en passant par Châtelet les Halles ce qui n'est tout de même pas l'itinéraire le plus court... mais l'autocar ne fait pas beaucoup mieux puisque le service Magic Shuttle met exactement le même temps. La question de l'utilisation de l'emprise de la LGV d'interconnexion se pose immédiatement, pourquoi pas par le prolongement des TER Creil - Roissy à Chessy, ce qui pose tout de même quelques questions :

  • quelle cohabitation possible avec CDG Express entre la gare de l'aéroport et la future bifurcation de Villeparisis ?
  • peut-on insérer dans le graphique des TER à 160 km/h sur les voies existantes et si oui à quelle fréquence ?
  • si non, quelle possibilité d'insertion des voies supplémentaires du côté de Chalifert ?
  • quelle gestion du terminus à Chessy ?
  • quelle organisation pour le financement de ces trains entre Ile de France Mobilités et la Région Hauts de France ?

Bref, une solution par autocar a encore de beaux jours devant elle même s'il serait raisonnablement possible d'envisager une liaison TER en 15 minutes, 6 fois plus rapide que les solutions actuelles...

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