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transportparis - Le webmagazine des transports parisiens

Argenteuil - Bezons - Sartrouville : un BHNS insuffisant

Ile de France Mobilités a présenté entre le 19 mars et le 21 avril 2018 les principes d’aménagement de voies réservées sur l’itinéraire Argenteuil - Bezons - Sartrouville - Cormeilles en Parisis.

Ce territoire se sent (non sans raisons) un peu le parent pauvre de l’agglomération (il n’est pas le seul). Il y fut un temps question de prolonger la ligne 13 du métro depuis Gennevilliers, ce qui n’était pas forcément recommandé au regard de l’impact sur la saturation et la difficulté d’exploitation. La tangentielle nord ressemble à une arlésienne car le prolongement du T11 Epinay – Le Bourget, mis en service en juillet 2017 (avec 3 ans de retard), n’est pas envisagé avant 2028. Le prolongement du tram T2 prolongé à Bezons en 2012 est compromis par la saturation de la ligne. Quant au Grand Paris, son tracé n’est pas uniquement le fruit d’une analyse des besoins du territoire…

Des aménagements d'abord pour la ligne 272

Le projet initié prévoit de réaliser un maximum d'aménagements pour séparer la circulation des bus du trafic général entre la gare d'Argenteuil, le pont de Bezons et la cité des Indes à Sartrouville, sur un parcours de 8,5 km, aujourd'hui très fréquenté du fait du rabattement d'une part sur la gare d'Argenteuil et d'autre part sur le tramway T2 au terminus du pont de Bezons.

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Tracé des aménagements avec identification des principaux points durs subsistants malgré les investissements.

La ligne 272 Gare d'Argenteuil - Pont de Bezons - Gare de Sartrouville, exploitée par la RATP, est la plus concernée par le projet puisque les trois quarts de son parcours bénéficieront de ces aménagements. La ligne 3 du réseau R'Bus, reliant le pont de Bezons à la gare de La Frette - Montigny, sera également bénéficiaire de ces réalisations, tout comme le tronc commun de lignes quittant la gare d'Argenteuil par l'axe Maurice Berteaux - Léon Feix.

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Bezons - Rue de Pontoise - 13 juillet 2013 - Un premier tronçon en site propre a été aménagé à Bezons dans le prolongement du terminus du T2. Pour faciliter certaines correspondances quai-à-quai, les bus roulent en partie "à gauche" mais certains conducteurs prennent au large... Ce Citélis 18 de la ligne 272 circule en direction d'Argenteuil. © transportparis

Le trafic attendu est plus que conséquent avec 48 000 voyageurs / jour contre 32  000 actuellement. La gare d'Argenteuil devrait être à 20 minutes du pont de Bezons contre 32 minutes actuellement. Même chose pour la gare de Cormeilles en Parisis.

Le coût total du projet est annoncé à 115,3 M€ dont 106,3 M€ pour le site propre et 9 M€ pour les aménagements complémentaires hors site propre.

Accompagner des projets d’urbanisme

Outre les difficultés d'exploitation, le projet doit également accompagner les projets urbains du secteur : le projet de la porte Saint Germain à Argenteuil, face au pont de Colombes, le centre-ville de Bezons, la Cité des Indes à Sartrouville et la ZAC des Bois-Rochefort à Cormeilles en Parisis. C'est la raison pour laquelle, par rapport au tracé de la ligne 272, le tracé retenu présente une divergence en préférant la rue Michel Carré, qui sera élargie, à la rue Henri Barbusse. Entre l'avenue du général De Gaulle et la rue Michel Carré, le site propre disparaîtra momentanément faute d'une largeur de voirie suffisante et d'immeubles récents. Sur la commune de Bezons, il faudra aussi composer avec quelques sections mixtes, avec voie réservée dans un seul sens.

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Exemple d'insertion projetée, à Bezons, à hauteur du carrefour de la Grâce de Dieu, vers le nord : on note le recours ponctuel à des voies réservées unidirectionnelles pour composer avec l'hétérogénéité des largeurs de voirie atteignables en modérant les besoins d'acquisitions foncières. (document Ile de France Mobilités)

Un projet très insuffisant

C'est peu de le dire : ce projet de BHNS n'est pas à la hauteur des enjeux de ce territoire. Même avec des aménagements de voirie, la desserte par bus restera insuffisante et les autobus articulés de la ligne 272 seront saturés avec la perspective de trafic annoncé.

D’emblée, il y a dans ce projet une faiblesse originelle : le maintien de l’exploitation par autobus. Au regard de la prévision de trafic, la pertinence du tram n’est guère discutable.

Cependant, pour disposer d’un axe en site propre complet, il aurait fallu anticiper dans la politique d’urbanisme des communes la création d’un itinéraire suffisamment large. Or le mitage entre sections larges et étroites caractérise ces communes.

Entre Argenteuil et Bezons, les axes Jeanne d’Arc, Gallieni et Henri Barbusse constituent des « pincements » problématiques. Le projet en traite une partie, notamment dans le cadre du projet d’aménagement de la porte Saint Germain, la rue Michel Carré étant élargie pour insérer le site propre, solution privilégiée à une mise à l’alignement de la rue Henri Barbusse.

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Argenteuil - Boulevard Léon Feix - 24 juin 2017 - La section entre la gare d'Argenteuil et l'avenue Gabriel Péri ne posera pas de difficultés particulières pour la réalisation d'un site propre. L'option retenue prévoit 2 couloirs latéraux. Elle profitera aux différentes lignes du secteur, exploitées par la RATP et par Transdev (réseau R'Bus). © transportparis

D’autres itinéraires auraient pu être examinés, comme proposés par transportparis dans le schéma directeur des tramways parisiens, avec :

  • un passage par le boulevard Héloïse et l’avenue Gabriel Péri pour la desserte du marché – qu’il faudrait alors réorganiser compte tenu de sa surface et de l’impact sur la circulation – et du centre commercial Côté Seine ;
  • une branche vers le val d’Argenteuil via l’hôpital et la gare, en empruntant la rue Proudhon, le boulevard Leclerc et l’avenue Utrillo.

Les aménagements complémentaires vers les gares de Cormeilles et de Sartrouville sont évidemment nécessaires mais la congestion du centre de Sartrouville restera un point dur. Vers la gare de Sartrouville, l’emprunt de l’avenue Maurice Schumann permettrait d’aménager environ la moitié de la branche en site propre.

Sans nier les effets des mesures à l’étude, celles-ci ne peuvent constituer qu’une phase transitoire en attendant de disposer d’une continuité d’aménagement urbain permettant la réalisation d’un réseau de tramways dans cette boucle de la Seine, avec en fil conducteur une jonction T2-T8 à Argenteuil et la ligne T11 (tangentielle nord) prolongée à la gare de Sartrouville.

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Sartrouville - Avenue Clémenceau - 13 juillet 2013 - Photo symbolique avec ce Citélis 18 de la ligne 272 franchissant le passage à niveau sur la Grande Ceinture, sur laquelle on attend toujours l'arrivée de la tangentielle nord... © transportparis

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Sartrouville - Place de la gare - 16 septembre 2012 - Pôle d'échanges déjà important, la gare de Sartrouville accueille notamment deux lignes à fort trafic : outre le 272 déjà évoqué dans ce dossier, la ligne 9 de R'Bus, reliant les gares de Sartrouville et d'Argenteuil par le Val Notre Dame, potentiellement plus concernée par le prolongement de T11, mais qui restera indispensable au cabotage local. © transportparis

Dans notre schéma directeur des tramways parisiens, nous avions également esquissé un autre franchissement de la Seine, avec la création d’une section entre l’avenue de Stalingrad à Colombes (sur T1 Ouest) et le boulevard Héloïse à Argenteuil, pouvant alors reprendre l’idée de desserte de l’hôpital et de la gare du Val d’Argenteuil.

Enfin, la desserte de Houilles et Carrières sur Seine est mise à l’écart, principalement en raison de l’étroitesse des voiries ne permettant pas de dégager un itinéraire en site propre sur les 1500 m séparant le carrefour du Grand Cerf et la gare de Houilles-Carrières.

Synthèse

Un plan d'amélioration de la ligne T2 est un préalable indispensable à tout prolongement au nord de Bezons, dont on rappelle les grandes lignes : priorité réelle aux carrefours, tourne-à-gauche routier à séquence de feu dissociée, modification du carrefour A86 au Petit Colombes, scission de l'exploitation en 2 arcs, les rames venant de Bezons étant limitées au Musée de Sèvres. De la sorte, le prolongement en 2 branches vers le Val Notre Dame et la gare d'Argenteuil serait envisageable. Une desserte complémentaire entre les deux branches consoliderait le service proposé.

Sur T1 Ouest pourrait se greffer une branche par le pont d'Argenteuil, rejoignant le Val d'Argenteuil par l'hôpital.

Le prolongement de T8 depuis Epinay Orgemont implique un important travail de mise à l'alignement d'un axe pour bénéficier d'un site propre continu.

Evidemment, le prolongement de T11 reste à concrétiser pour constituer une liaison rapide à fréquence soutenue entre Sartrouville, Argenteuil et au-delà, avec un effet de délestage conséquent sur les lignes de bus et nos propositions de tramways.

Reste enfin l'hypothèse, très lointaine, d'une desserte par métro, pouvant capitaliser sur un abandon du tracé de la ligne 16 Ouest entre Nanterre La Folie et Colombes d'une part et sur la persistance de la saturation de T2 au nord de La Défense.

Quant à la desserte de Houilles et Carrières sur Seine, là encore, il faudrait préalablement engager des choix clairs d'urbanisme pour favoriser la circulation des transports en commun sur des axes étroits, à faible capacité qui n'est plus adaptée à la densité démographique de la boucle de Montesson.

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