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transportparis - Le webmagazine des transports parisiens
29 juillet 2022

EOLE et NExTEO : crispations croissantes... jusqu'à quel point ?

Il n'y a pas que sur les thermomètres que l'été est chaud. Il l'est aussi dans les discussions manifestement de plus en plus acides entre SNCF Réseau et les élus franciliens.

Premier sujet de friction : le financement du projet EOLE. Les origines du surcoût alimentent toujours les discussions et d'une certaine façon les désaccords entre la responsabilité intrinsèque du maître d'ouvrage (par exemple le changement de posture tardif sur le programme à Mantes la Jolie), celle qu'il doit assumer (par exemple les difficultés de réalisation dans certaines zones du projet, comme à La Défense) et celle des financeurs, en particulier côté Ville de Paris. Et c'est sans compter les retards du projet RERNg et de NExTEO !

Dans cette situation, SNCF Réseau se montre intraitable : soit les financeurs s'alignent sur le coût présenté, soit le chantier sera arrêté. La tactique est assez cavalière et surtout d'une crédibilité plus que limitée puisque les travaux sont très largement avancés. Après avoir obtenu une première rallonge de 600 M€, une deuxième, d'un montant de 400 M€, est exigée d'ici fin septembre.

Le second sujet est assez voisin d'EOLE puisqu'il concerne NExTEO et son déploiement sur le RER B et le RER D, avec la même posture inflexible de SNCF Réseau, n'hésitant pas à préconiser l'abandon pur et simple du projet, sans manifestement se poser la question de la solution de repli. Initialement, il semblerait qu'une suspension d'un an ait été envisagée, ce qui n'est déjà pas anodin : une telle pause montre l'intérêt que porte SNCF Réseau à ces lignes qui devraient au contraire être sur le dessus de la pile. La gestion de SNCF Réseau se révèle sans cesse de plus en plus comptable : l'impact sur les projets et sur l'exploitation du réseau devient secondaire, voire insignifiant. Cette entreprise s'éloigne de sa finalité, considérant que la neutralité financière à horizon 2024 (dont tout le monde sait qu'elle est illusoire) est une fin, quelles qu'en soient les conséquences, et non un moyen. Si la façon dont est dirigée SNCF Réseau peut être mise en cause, il ne faut pas oublier que derrière, l'Etat tire les ficelles : on serait tenté de dire que la marionnette est quand même priée de ne pas en ajouter.

D'après Mobilettre, l'Etat a réussi in extremis à retirer de l'ordre du jour d'un récent conseil d'administration de SNCF Réseau une hausse très élevée des péages franciliens (tant qu'à faire...) pour éviter un embrasement des relations Etat - Région Ile de France - SNCF Réseau, mais pour combien de temps ?

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18 juillet 2022

Un fort besoin d'augmenter l'offre

Les réseaux franciliens se retrouvent dans un inconfortable effet de ciseau. Si la pandémie et le développement du télétravail ont écrêté une partie du trafic sur des axes déjà très fréquentés, le maintien d'un niveau élevé de congestion des axes routiers et l'explosion du coût des carburants du fait de la guerre en Ukraine influent toujours en faveur des transports en commun.

Cependant, l'offre nominale (comprendre avant mars 2020) n'a pas encore été restaurée sur la totalité des lignes dont un nombre important, notamment pour les bus, circulaient toujours en horaires de petites vacances scolaires. Jusqu'à l'application des grilles d'été, plusieurs axes ferroviaires étaient encore à seulement 80 ou 85% de la desserte de référence.

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Paris - Rue Cardinal Lemoine - 5 mai 2022 - La fréquence de certaines lignes dans Paris se révèle très distendue et donc peu incitative. C'est le cas pour la ligne 89 Porte de France - Gare de Vanves (non, cet autobus n'a pas pour terminus « Je monte – Je valide »), qui peut imposer près de 20 minutes d'attente sur cette grande diagonale de la rive gauche. © transportparis

Il existe des facteurs objectifs amenant à cette situation :

  • la persistance des effets pandémiques sur le nombre de salariés en arrêt de travail, avec un effet aléatoire qui se répercute plus fortement quand débute la période des congés ;
  • une difficulté de plus en plus forte à recruter dans le domaine des transports, tous domaines confondus, du fait manifestement d'une moindre attractivité des métiers (ou d'une moindre acceptation de leurs particularités notamment horaires) ;
  • la situation économique d'Ile de France Mobilités après la décision de l'Etat de ne pas prendre en charge les pertes de recettes (en se contentant de procéder à une avance remboursable).

En regardant un peu dans le rétroviseur, le début de la période estivale révèle depuis de très nombreuses années les limites de la conception du service de transports en commun. Certes, les salariés des entreprises ont bien le droit de partir en vacances, mais c'est plutôt dans les idées préconçues qu'il faut aller chercher : cela fait belle lurette que Paris n'est plus un désert au mois d'août et les vacances d'été sont de plus en plus étalées, du mois de juin au mois de septembre. Cependant, outre le fait que tout le monde ne part pas en vacances (ou du moins à cette période précise), il faut mettre dans l'autre plateau de la balance les touristes.

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Puteaux - Esplanade de La Défense - 25 septembre 2020 - La fréquentation touristique de la ligne 1 est évidemment très élevée, et, du lundi au dimanche, on n'observe pas de grande différence de charge des rames, conséquence d'une offre dimensionnée au plus juste.© transportparis

La conception du service finit par donner l'impression qu'elle vise à maintenir un taux d'occupation - certains diront de compactage - à peu près constant dans les bus, tramways, métros et trains du réseau francilien. Les marges de manoeuvre sont d'autant plus difficiles quand on rappelle les facteurs précédemment évoqués. Néanmoins, des temps d'attente de l'ordre de la demi-heure sur nombre de lignes d'autobus de Paris ou de proche banlieue ne sont pas acceptables (surtout en période de reprise épidémique et de fortes chaleurs).

Hors période estivale, le retour du service de référence à la rentrée de septembre devrait s'imposer comme une évidence : même si pour une partie de la population francilienne, le télétravail limite l'usage en heures de pointe des transports en commun, par roulement, cette capacité pourrait être mise à profit pour capter de nouveaux voyageurs, mais ce schéma suppose des conditions correctes de voyage et une régularité de bon niveau.

L'augmentation de la fréquentation des transports en commun revêt un enjeu encore plus stratégique, entre lutte contre les émissions polluantes et maîtrise de la consommation d'énergie dans un contexte géopolitique profondément bouleversé : réduire l'usage de la voiture passe d'abord par une amélioration générale des transports publics facilitant ensuite un rééquilibrage de l'espace, d'abord en faveur des piétons.

Ce mouvement suppose non seulement la restauration du service de référence, mais aussi un plan d'actions pour augmenter l'offre. A court terme, il sera assez difficile de revoir les grilles horaires des réseaux ferroviaires (RER et Transilien) compte tenu des contraintes fortes de capacité, et accessoirement du coût de ces mesures.

Pour le métro, la RATP aura fort à faire car, depuis quelques années, la dégradation du service est clairement perceptible : les intervalles augmentent, même en pointe. Indicateur symbolique, on arrive même à voyager debout et serré sur la ligne 10 ! En journée, le principe à iso-compactage semble indiscutablement en vigueur avec des intervalles pouvant dépasser 5 minutes. Même chose le samedi et le dimanche, y compris sur des lignes à forte fréquentation (lignes 1 et 9 par exemple).

Pour les tramways, l'approche est assez similaire : les efforts devront porter sur la période 9 heures - 17 heures et le week-end. Dans Paris, l'intervalle pouvant atteindre 10 minutes sur T3 est notoirement insuffisant (les rames n'arrivant pas à absorber l'ensemble des voyageurs sur le quai). Sur plusieurs lignes, il faudra aussi anticiper l'évolution du service avec les projets immobiliers. Il y a par exemple de quoi être inquiet sur la section nord du T2 entre La Défense et Pont de Bezons dont la charge reste élevée à toutes heures, y compris le dimanche.

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Vitry sur Seine - Boulevard Rouget de Lisle - 10 avril 2021 - Les trop rares lignes de tramway sont elles aussi dans une situation délicate, car, pour la plupart, leur fréquentation va bien au-delà des estimations initiales. Les plus longues rames de tramway offrent 300 places, comme ici sur T9, soit près de 3 fois la capacité des autobus remplacés... et pourtant, cela ne suffit pas toujours. © transportparis

Quant aux réseaux de bus, c'est peut-être par eux que pourrait commencer ce nouvel effort, avec des actions spécifiques selon la typologie de lignes :

  • au coeur de l'agglomération, les difficultés de circulation sont un handicap assez évident : ajouter des bus risquerait d'accroître les problèmes d'exploitation et la priorité serait déjà d'assurer des conditions correctes de circulation par un travail de fond avec les municipalités et gestionnaires de voirie (vaste programme) ; le passage de nombreuses lignes aux bus articulés serait indispensable mais se heurte à une problématique de capacité dans les dépôts et parfois des réticences de certaines communes à adapter ponctuellement la voirie ;
  • pour les réseaux urbains de grande couronne, la poursuite des restructurations de réseau et du renforcement des services pour atteindre des fréquences n'excédant pas 15 minutes ;
  • l'intensification des services interurbains en grande couronne, domaine constituant encore un parent pauvre en dépit des efforts, souvent en raison d'une lisibilité insuffisante des services (numérotation des lignes, tracés parfois très variables selon les horaires, fréquence...) ;
  • la poursuite des projets de pôles d'échanges afin de faciliter les correspondances avec les réseaux ferroviaires.

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Melun - Quai Pasteur - 24 février 2018 - Les autocars sont indispensables en grande couronne car la géographie des déplacements y est très foisonnante. Contrairement à ce qu'indique la girouette, la ligne 47 assure la liaison Provins - Melun. Cette ligne participe au maillage des principales villes de Seine et Marne. © transportparis

Mais on en revient à la capacité à recruter... Les opérateurs ne cessent de développer des campagnes de communication, mais les résultats ne semblent à la hauteur de leurs attentes... ni de leurs besoins !

Le financement restera un verrou majeur. L'instauration du tarif unique sur les abonnements avait affecté les recettes de l'autorité organisatrice (de l'ordre de 500 M€ par an) et on peut douter de la compensation par la seule induction de nouveaux clients. Inéluctablement, ce sujet va revenir dans les débats avec acuité. Il manquera un milliard d'euros en année pleine pour couvrir les coûts d'exploitation des grands projets en cours de réalisation. Si la maîtrise des coûts d'exploitation est effectivement nécessaire, la recherche de nouvelles ressources ne pourra pas être éludée. Depuis plus de 10 ans, le dossier reste sous le tapis car politiquement trop sensible, puisque les poches sont toujours les mêmes : celles des usagers, des contribuables, des collectivités et des entreprises. Celles des automobilistes - fussent-ils aussi usagers et contribuables - pourraient être aussi sollicitées... mais cela risque de faire du bruit.

15 juillet 2022

Bluebus : comme un soupçon d'embarras ?

Au cours d'une assemblée générale des actionnaires, le PDG du groupe Bolloré avait assuré fin mai avoir expliqué par courrier les causes des incendies survenus sur des Bluebus de deuxième génération du parc exploité par la RATP. Mais ni celle-ci, ni Ile de France Mobilités, n'ont reçu ces explications écrites. Le service postal entre la Bretagne et Paris serait-il défaillant ? Non, tout est nomal puisque, come le relate Le Parisien, le groupe Bolloré nie l'avoir annoncé.

Hormis cet épisode qui montre a minima une communication hasardeuse et pas forcément respectueuse du client, il faudra de toute façon attendre le rapport du BEA-TT pour disposer d'informations sur les causes de ces incendies, mais il reviendra bien au constructeur de prendre les dispositions nécessaires pour fiabiliser et sécuriser son produit.

En attendant, la RATP doit composer avec 149 véhicules à l'arrêt. Les livraisons ayant été interrompues, la réforme des matériels anciens est donc retardée.

15 juillet 2022

Ile de France Mobilités commande 47 bus à hydrogène

Trois sites de production d'hydrogène sont envisagés dans le sud francilien et seront en partie destinés à alimenter des autobus, l'un à Créteil et les autres dans le sud des Hauts de Seine. Ile de France Mobilités a voté l'acquisition de 47 autobus fonctionnent à l'hydrogène, pour un coût de 48 M€.

C'est peut-être quand même un peu cher, non ? Plus d'un million d'euros le véhicule, soit plus de 3 fois le prix d'un véhicule thermique. L'expérimentation n'est pas à bannir, mais elle a tout de même un coût et, dans la période actuelle, alors qu'Ile de France Mobilités déplore des fins de mois difficiles, ce type d'investissement apparaît un peu en décalage avec le quotidien des transports franciliens...

 

14 juillet 2022

Trilport - La Ferté-Milon : vents contraires

Il y a d'un côté une bonne nouvelle : Ile de France Mobilités confirme l'utilité de l'électrification de la section Trilport - La Ferté-Milon, pour restructurer la desserte de la ligne P, soulager la gare de Meaux de mouvements à vide et uniformiser la hauteur des quais en éliminant à terme les AGC à plancher bas. L'idée n'a il est vrai été émise qu'il y a une vingtaine d'années... A partir de septembre, ce sera la dernière ligne francilienne nécessitant des trains à traction thermique.

Donc, en prolongeant la moitié des trains Paris - Meaux jusqu'à La Ferté-Milon, les voyageurs gagneront en capacité et en commodité en systématisant la desserte directe sans correspondance à Meaux. Le temps de trajet supplémentaire lié à la desserte des gares de Chelles à Meaux étant compensé par la suppression du délai de 7 minutes existant aujourd'hui entre le train Paris - Château-Thierry et le service Meaux - La Ferté-Milon. L'ensemble du service relevant alors de Z50000, il sera possible d'achever la mise en accessibilité de la gare de Meaux en relevant ses quais à 920 mm.

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Crouy sur Ourcq - 4 mars 2022 - Jadis itinéraire bis de Paris à Reims, Trilport - La Ferté-Milon est aujourd'hui cantonnée à la fonction d'antenne de très grande banlieue. C'est la plus provinciale des lignes franciliennes. © transportparis

Le coût de l'électrification est tout de même évalué à 101 M€ à horizon de réalisation, prévue en 2030. Pour 29 km de double voie, cela fait beaucoup, de l'ordre de 2 M€ du kilomètre linéaire.

Cependant, pour l'instant, le point de discorde le plus sensible porte sur l'infrastructure : Trilport - La Ferté-Milon est l'une des lignes considérées de desserte fine du territoire. Le renouvellement est au centre du débat entre l'Etat, SNCF Réseau et Ile de France Mobilités, qui n'entend pas solliciter les budgets des collectivités locales, contestant la forme (la classification de la ligne) et le fond, à savoir le report de la charge d'investissement sur l'autorité organisatrice, qui rappelle qu'elle avait jadis accepté de payer au coût complet les péages de sorte à couvrir justement le renouvellement. Néanmoins, du point de vue tarifaire, Ile de France Mobilités paie bien des redevances pour la catégorie « desserte fine »... mais en principe, le renouvellement ne peut incomber qu'au propriétaire, donc à l'Etat. On sait bien que depuis 2005, c'est loin d'être le cas et l'utilisateur risque encore d'être mis à contribution...

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13 juillet 2022

Ligne 1 à Val de Fontenay : persiste et signe

Ile de France Mobilités a pris acte de l'avis défavorable de la commission d'enquête publique relative au prolongement de la ligne 1 du métro du Château de Vincennes au Val de Fontenay. Le conseil d'administration du 12 juillet a néanmoins approuvé la déclaration de projet, s'appuyant sur la reconnaissance de l'intérêt général du projet, avec quelques ajustements d'organisation du chantier pour atténuer l'impact sur la lisière du bois de Vincennes.

La situation rappelle celle du prolongement du T2 d'Issy les Moulineaux à la porte de Versailles, qui n'avait pas reçu l'avis favorable de la commission d'enquête publique avec le débat sur le tracé. Et pourtant, le projet a bien été réalisé.

9 juillet 2022

Mise en service de la première phase de T13

Une rocade de plus

La première phase de la ligne T13 est entrée en service ce 6 juillet (30ème anniversaire de la mise en service de T1 par la RATP) entre Saint Germain en Laye et Saint Cyr. Le nouveau tram-train relie donc, à l'ouest de l'agglomération parisienne le RER A, au trio RER C - ligne N - ligne U, en passant par Saint Nom la Bretèche, desservie par la ligne L (groupe II).

T13 succède à l'anonyme service entre Saint Germain en Laye et Noisy le Roi, mis en service en 2004 sous l'appellation Grande Ceinture Ouest. Au chapitre des avantages, et non des moindres, les connexions aux principales lignes ferroviaires d'Ile de France, alors que la GCO n'était connectée que par Saint Nom la Bretèche. T13 demeure complémentaire à la ligne de bus Express 1 entre Saint Germain en Laye et Versailles, qui bénéficie d'un tracé plus urbain et qui accède directement (mais à condition de ne pas rechercher la performance absolue) au centre de Versailles. Le potentiel de trafic est estimé à 21 000 voyageurs par jour, ce qui est en apparence modeste, mais la ligne dessert un corridor aux franges de l'agglomération, à travers les forêts de Saint Germain et de Marly.

Les 18,8 km sont parcourus en 30 minutes, soit quand même 37,6 km/h de moyenne, ce qui reste honorable... quand le service n'est pas - déjà - perturbé par des problèmes de fiabilité du matériel ou des défaillances de la signalisation ferroviaire, aux effets amplifiés par des princpes d'exploitation manifestement rigides.

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Saint Germain en Laye - 9 juillet 2022 - Un tramway, fut-il express, avec une signalisation tout ce qu'il y a de plus ferroviaire, roulant à gauche, alimenté par repiquage sur le reste du réseau ouest francilien, avec la préservation de fonctionnalités ferroviaires dans les faits inutiles. T13 ne manque pas de particularismes dont on se serait bien passé... © transportparis

Un tram-train avec évidemment de nombreux particularismes

Le départ de Saint Germain en Laye est à l'entrée du parc du château. Il était difficilement envisageable d'arriver plus au centre ou plus près du RER A. En compensation, un couloir de correspondance avec trottoirs roulants a été réalisé, aboutissant dans la mezzanine de la gare. Le long de la forêt, un bel alignement autorise 70 km/h, mais entrecoupé de quelques cheminements forestiers et de la route de Maisons-Laffitte, avec ralentissement imposé à 30 km/h. Installer des barrières légères sécuriserait ces intersections et autoriserait une allure continue à 70 km/h. Virant ensuite à gauche sur l'avenue Kennedy, le tracé rejoint le carrefour RD190-RN184 pour arriver le long de la Grande Ceinture avec une succession de courbes à faible allure.

En amont de l'ancienne gare rebaptisée Lisière Péreire, outre les nombreux logements récemment construits, se trouve à la fois le passage de la conduite à vue à la signalisation ferroviaire, du 750 V continu au 25 kV 50 Hz et le changement de côté de circulation, puisqu'on roule évidemment à droite en voirie, mais à gauche sur la partie ferroviaire. Pour un trajet entre les quartiers ouest et centraux de Saint Germain, il n'est pas évident que le tram-train présente un avantage notable par rapport au réseau d'autobus local, d'autant que la fréquence de T13 restera assez modeste.

Sur la Grande Ceinture, les rames circulent à une vitesse oscillant entre 80 et 100 km/h, mais ralentissent très sensiblement à l'approche des stations, avec parfois 200 m parcourus à 30 km/h en amont des stations où se situent des traversées piétonnes des voies. Par rapport à l'ancienne exploitation ferroviaire, 5 stations ont été ajoutées : celle de l'allée Royale devrait, quand elle sera achevée, pourrait être assez intéressante afin d'accéder au parc du château de Versailles par le Grand Canal.

Les temps d'arrêt en station sont démesurément longs par rapport à la fréquentation, mais 8 secondes sont perdues du fait des comble-lacunes au droit de chaque porte, conséquence d'un gabarit d'implantation des quais prévoyant une mixité de trafic avec du fret - mais on cherche toujours à savoir d'où pourraient-ils venir... et où pourraient-ils aller - et des règles d'exploitation ferroviaire prévoyant un temps d'arrêt minimal de 40 secondes. Leur neutralisation apparaît souhaitable moyennant l'installation de nez de quais en caoutchouc.

L'arrivée à Saint Cyr s'effectue au plus près des voies de la ligne Paris - Brest, après avoir laissé sur la gauche l'embranchement vers le site des Matelots où se situe le dépôt. Une courbe prononcée, franchie à 20 km/h seulement, et de surcroît en rampe, donne accès à la station située à proximité de la gare. Mais pourquoi les rames laissent-elles les voyageurs en bout de quai opposé à l'entrée de la gare ?

Ainsi, 2 tensions d'alimentation, 2 régimes d'exploitation, 2 sens de circulation caractérisent T13. Le choix de maintenir des caractéristiques ferroviaires sur la Grande Ceinture se révèle totalement injustifié car on pourra chercher très longtemps l'utilité du maintien d'une compatibilité pour le fret sur cet itinéraire. Il faut aussi ajouter au chapitre des particularismes que le poste de commandement de la ligne situé aux Matelots ne contrôle pas l'alimentation électrique sur la majorité du parcours : le 25 kV est fourni par la sous-station de Nanterre, pilotée par le central électrique de Pont Cardinet qui, en marge du projet EOLE, est (ou devra prochainement) être transféré dans la commande centralisée de Pantin. Un régulateur de tramway qui n'a pas la main sur l'ensemble de l'infrastructure sur un système de fait dédié, c'est tout de même incongru... mais T4 et T11 nous avaient déja habitués à des choix surprenants. Ajoutons-en un autre : du block automatique lumineux pour une mono-activité de tramway, c'est quand même riche !

Le Dualis se distingue encore...

L'exploitation est assuré avec des rames Dualis série U53800, similaires aux rames déjà présentes sur les autres trams-trains franciliens. Sans surprise, le comportement de ce matériel est médiocre : il n'est correct que sur les sections neuves. Entre Saint Germain en Laye et Noisy le Roi, les voies sont dans leur état de 2004, à la réouverture de la GCO. Le confort dynamique est alors passable. Sur les sections en voirie, l'insertion en courbe confirme la conception inadaptée et se fait entendre avec un peu d'excès (que certains riverains surjouent) : il faudra probablement recourir au graissage pour réduire le niveau sonore. Une nouvelle fois, le choix d'un matériel à plancher bas intégral, non justifié du fait de l'absence d'accès par les extrémités, exporte des contraintes sur la voie (usure accélérée du rail), le confort (toujours aussi raide) et la performance (sur les rayons plus serrés en mode urbain).

Qui a pondu un horaire aussi incompréhensible (même pour l'été) ?

Les fréquences instaurées à la mise en service durant l'été constituent un défi au bon sens et à la prise en compte de l'intérêt des voyageurs : révisez vos tables de multiplication !

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Pour qu'un service soit lisible, il faut que les minutes de passage soient répétitives d'une heure à l'autre, mais en France, on s'obstine à vouloir diviser 60 minutes par des fréquences baroques, voire des nombres premiers ! Ces intervalles baroques imposent au voyageur de se mettre au service de l'exploitant et de la collectivité. Reste à savoir qui de la SNCF ou d'Ile de France Mobilités a commis ce non-sens, d'autant plus incompréhensible qu'il s'agit d'une ligne pour laquelle la commodité d'usage sera essentielle pour remplir les rames. Sinon, hormis divertir les lapins et écureuils des forêts traversées, T13 risque de ne pas servir à grand-chose !

Dans le cas présent, fréquences de 15, 20 ou 30 minutes... et rien d'autre ! Et encore : il y aurait tout intérêt à baser l'horaire de T13 sur les correspondances à Saint Cyr sur la ligne N (offrant 2 missions à Saint Cyr), qui fonctionne en base 15 minutes, ce qui devrait donc être la fréquence de base en heures creuses. L'intervalle de 20 minutes garantit des correspondances aléatoires et donc chronophages.

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Sur le plan tarifaire, T13 est considéré comme un train puisque les voyageurs doivent se munir d'un ticket correspondant à leur parcours. Comme sur T11, le ticket T+ n'est pas valable, alors que c'est le cas sur T4.

Avec de telles lourdeurs structurelles, contraires à la quête de légèreté du tram-train et de nature à complexifier à l'excès l'exploitation, on se demande qui osera postuler au futur appel d'offres d'Ile de France Mobilités pour l'exploitation de la ligne, puisque la filiale Transkeo est dans la situation - peu enviable - d'opérateur en contrat d'intérim.

Le dossier de transportparis consacré à T13 a été actualisé !

2 juillet 2022

Vers une nouvelle réforme de gouvernance ?

Ces dernières semaines, notamment autour du Salon Européen de la Mobilité du 7 au 9 juin dernier, la présidente de la Région a en quelque sorte effectué son retour aux affaires. Répondant d'abord aux critiques sur le fonctionnement des transports franciliens de la déjà ex-ministre de la Transition écologique, elle n'a pas manqué de rappelé que l'Etat a été particulièrement pingre dans l'indemnisation des transports publics suite aux confinements et qu'il est l'actionnaire unique des deux principaux opérateurs et gestionnaires d'infrastructure. Evidemment, l'allusion visait les moyens notoirement insuffisant du contrat Etat - SNCF Réseau (sujet largement abordé à transportrail).

Il faut reconnaître que la période est difficile : des projets dont les coûts augmentent, dont les calendriers dérivent, un débat sur la pertinence de certains projets (lignes 17 et 18 du Grand Paris Express, CDG Express) qui n'est pas éteint malgré le début des travaux, des recettes en baisse par une moindre fréquentation, des incertitudes persistantes sur le financement des nouvelles lignes, une mise en appel d'offres voulue avec une rapidité probablement excessive, une offre insuffisante sur de nombreuses lignes, y compris en grande couronne et une qualité de service insuffisante voire défaillante sur certains axes structurants (RER B, T1, T2, dysfonctionnements de T4 et T11, régulation de plus en plus alélatoire du métro, dégradation de la performance des réseaux de bus à Paris et en petite couronne).

Il faut ajouter évidemment le mistigris que tous les gouvernements depuis plus de 10 ans se sont refilés : le Grand Paris Express représente, en année pleine et lorsque toutes les lignes auront été réalisées, 1 MM€ de dépenses d'exploitation supplémentaires à la charge de l'autorité organisatrice. Certes, avec une montée en puissance progressive, il faudra du temps pour en arriver à ce point et il faudra inéluctablement questionner la structure tarifaire francilienne.

De l'ordre dans la gestion des infrastructures urbaines

Mme Pécresse met en exergue les paradoxes de la gouvernance des transports franciliens et va jusqu'à prendre le contrepied de certaines lois adoptés en 2010 : elle était alors ministre de l'Enseignement supérieur, lorsqu'un amendement en fin de soirée a abouti à transférer à la RATP la propriété des infrastructures du métro et du RER (du moins sur le périmètre qu'elle exploite directement), mettant fin au décret de 1969 : celui-ci avait alors confié au Syndicat des Transports Parisiens la propriété des lignes en service au 1er janvier 1969, tandis que les développements ultérieurs allaient devenir propriété de la RATP. Une situation qui a fini par devenir confuse (la ligne 13 appartenait au STIF entre la porte de Vanves et Invalides, de Saint Lazare à Pleyel et de La Fourche à la porte de Clichy, le reste étant à la RATP).

Mieux, pour le Grand Paris Express, la loi a désigné la RATP comme gestionnaire des infrastructures, quel que soit l'opérateur : une telle dissociation sur un réseau captif est un non-sens, surtout si on ajoute que la responsabilité de gestionnaire des gares incombe à l'autorité organisatrice.

Sur ce point, il est évident qu'une réforme s'impose, conduisant à confier à la puissance publique la propriété des infrastructures. C'est le cas de tous les réseaux de tramways et de métro en province. Le délégataire de service public, ou la société publique locale, est en charge de la gestion courante des installations pendant la durée de son contrat.

A propos des infrastructures ferroviaires

Mme Pécresse constate les difficultés de SNCF Réseau dans son rôle de maître d'ouvrage, tant des études que des travaux, et semble ouverte à l'élargissement des missions de la Société du Grand Paris, qui envisage la création d'une filiale pour des activités hors Ile de France, à condition de détourer les périmètres et les ressources. La SGP est peut être compétente en matière de création de lignes de métro essentiellement souterraines et fonctionnant en système fermé : le changement culturel de missions sur un réseau polyvalent semble tout de même assez sensible.

Au-delà des pénalités contractuelles...

La qualité de service régresse sur certains réseaux. Au coeur de la métropole, on le constate évidemment sur le métro. Si la fréquentation a diminué, le service n'est pas revenu à son niveau de référence sur toutes les lignes, et on constate aussi des lacunes dans la régulation du trafic conduisant à des intervalles beaucoup trop importants, de 5 à 8 minutes, y compris en période d'affluence, sur des lignes dont la charge reste néanmoins élevée : on citera pour exemples les plus fréquents les lignes 6, 7, 8 et 9. Sur les tramways, le constat est assez voisin : Ile de France Mobilités a annoncé le rétablissement du plein service sur T2, mais, justement lors du Salon de l'UTP, il fallait se contenter en pointe d'intervalles de 5 à 6 minutes (au lieu de rafales en 4-4-3). Ne parlons pas des autobus parisiens, ou en petite couronne, où l'exploitation est devenue d'un niveau de difficulté jamais atteint. Rappelons qu'en 20 ans, la vitesse commerciale des autobus est passée de 12,5 à moins de 9 km/h dans Paris... alors que le trafic automobile y a diminué comme jamais (-50% par rapport à 1990), ce qui coûte des ressources à l'autorité organisatrice pour maintenir le même niveau de service... ou impose au voyageur des intervalles plus longs et un degré d'entassement accru.

La dimension qualitative des contrats avec les opérateurs ne peut donc se limiter à un contrôle a posteriori et à une augmentation des pénalités. Il y a évidemment une part de responsabilité des opérateurs dans l'organisation du suivi de la production, mais pour certains sujets, ils ne font que subir les décisions politiques qui peuvent directement influer sur l'exploitation. Dès lors, c'est à l'autorité organisatrice d'aller défendre ses opérateurs. Mais le jeu politique est loin d'être évident.

Pour les réseaux de surface, il faudra en passer par une réforme institutionnelle majeure : la gestion de la voirie. Considérer que tout axe emprunté par des services réguliers de transport en commun (hormis éventuellement certaines navettes municipales) relève de facto de la métropole supposerait non seulement l'acceptation des mairies et départements et même de l'Etat (puisqu'il reste des routes nationales), mais aussi une association étroite entre la métropole et Ile de France Mobilités pour que les projets d'aménagement soient concertés - avec possibilité de véto - afin de mieux prendre en considération la circulation des transports en commun (bus et tramways). Faudrait-il aller jusqu'à confier la gestion de ces voiries à Ile de France Mobilités ? Peut-être, mais le changement de dimension serait alors colossal. Au passage, confier la maîtrise d'ouvrage des projets de TCSP à l'autorité organisatrice francilienne achèverait le processus de mise en cohérence avec ses semblables : c'est l'une des forces du SYTRAL lyonnais par exemple.

Enfin, plus globalement, il faudra reconsidérer la place des transports en commun dans la vie quotidienne et les grands enjeux de société : qualité de l'air, santé publique, réduction de la dépendance aux énergies fossiles, de la congestion des voiries et finalement de l'autosolisme encore largement prédominant surtout hors de la zone centrale. La voiture électrique et le vélo ne feront pas tout.

 Deux anciens parlementaires aux propositions parfois surprenantes

MM. Carrez et Savary ont planché pour l'Institut Montaigne sur les effets de la pandémie et les enjeux structurels du développement et du financement des transports publics en Ile de France. Certaines suggestions ne sont guère surprenantes :

  • développer l'offre en grande couronne avec des autocars à haut niveau de service pour améliorer le maillage d'une partie de l'Ile de France encore très dépendante à la voiture ;
  • dans les zones denses, la création d'un réseau de bus à haut niveau de service (tiens, ils ne parlent pas de tramway ?) ;
  • l'étalement des pointes, concerté avec les entreprises, les écoles, collèges, lycées et universités ;
  • la pérennisation du Versement Mobilité (ex-Versement Transport), que certains voulaient remettre en cause en amont de la campagne présidentielle.

En revanche, d'autres vont un peu plus loin : à transportparis, on n'est pas mécontent de voir apparaître le transfert de gestion des voiries structurantes à Ile de France Mobilités (nous l'évoquons plus haut dans ce même article !). Au-delà, l'adoption d'une nouvelle tarification modulée sur l'usage, cantonnant l'actuel Navigo aux seuls déplacements contraints (travail, études, rendez-vous médicaux) ne manquerait pas de faire débat. Plus technique et plus incitative dans l'esprit, l'exemption de taxe sur les plus-values immobilières des cessions avant fin 2025 de terrains à des organismes publics de terrain à moins de 500 m des gares et, à l'inverse, la surtaxation des détentions prolongées semble vouloir à la fois dégager une nouvelle recette pour Ile de France Mobilités et encadrer les nouvelles constructions. Enfin, l'instauration d'une vignette pour pouvoir circuler en voiture en Ile de France et la taxation des livraisons du commerce en ligne devraient faire un peu plus de bruit...

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