Enfin ! Un peu plus de 20 ans pour prolonger la ligne 4 du métro, la seule (avec la ligne 2) qui n'avait jamais évolué depuis son ouverture : c'est en effet en juin 2001 que débuta la concertation préalable sur son extension au sud de Paris, et il fallut attendre 12 ans pour qu'elle franchisse le périphérique pour atteindre, en mars 2013, la mairie de Montrouge. Alors que les essais débutaient sur cette courte section, se déroulait l'enquête publique relative à la seconde phase du projet vers Bagneux. Après environ 6 ans de travaux, elle a été inaugurée en présence du Premier ministre : la période est propice aux symboles politiques...

Cette extension de 1,8 km dessert une première station Barbara, à proximité du cimetière parisien de Bagneux, au droit de l'avenue Marx Dormoy, assurant la correspondance avec les lignes 128 Porte d'Orléans - Robinson et 323 Issy Val de Seine - Ivry Gambetta. Cette station est profonde à environ 30 m sous sol. L'accès principal s'effectue en rez-de-chaussée d'un immeuble en construction. Le nouveau terminus baptisé Lucie Aubrac dispose de 3 voies à quai et en arrière-gare, et se termine par un centre de dépannage des trains.

Le tracé est assez sinueux et les courbes à l'entrée nord de chacune des stations sont assez serrées, franchies à 35 km/h. La circulation des rames n'est pas très rapide : entre Mairie de Montrouge et Barbara, l'ancien terminus n'a pas été totalement déposé et les rames ne se lancent qu'après avoir dégagé les appareils de voie. Bref, une section neuve avec un tracé conçu à l'ancienne.

La décoration des nouvelles stations est extrêmement sobre : tout est blanc avec des panneaux métalliques ondulés perforés. Les finitions sont moins mauvaises que lors de l'ouverture du prolongement de la ligne 14 à Saint Ouen, mais ce n'est tout de même pas brillant. Les quais de la station Lucie Aubrac sont encombrés de palissades, dans l'attente de l'ouverture de la correspondance avec la ligne 15 : il s'agit de la trémie des futurs escaliers et ascenseurs. Il ressort une impression de nudité des stations, dont les murs sont dépourvus des traditionnels supports publicitaires. Seuls les quelques sièges apportent un peu de couleur. La signalétique est encore provisoire, fixées par des cordons en plastique en attendant les équipements définitifs.

Autre élément qui surprend beaucoup pour une réalisation moderne : la mécanisation partielle des cheminements verticaux, qui, à Barbara comme à Lucie Aubrac, sont à sens unique.

Le prolongement réalisé diffère de celui initialement envisagé voici près d'un siècle dans le plan de desserte de la banlieue en 1929, qui passait sous la RN20 jusqu'au carrefour de la Vache Noire à Arcueil. Il se situe un peu plus au sud de celui-ci, mais aussi à l'ouest de ce grand axe : il en résulte une adaptation du réseau d'autobus avec la réalisation d'un crochet pour proposer la correspondance... qui n'est pas fameuse puisque les arrêts sont situés à environ 300 m de l'accès à la station. Il faut espérer qu'à la fin des travaux d'urbanisme, la situation sera améliorée, car pour l'instant, il faut avoir une bonne vue pour repérer le fléchage des correspondances vers un arrêt qui ne s'appelle pas Lucie Aubrac mais Martyrs de la Résistance.

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Montrouge - Station Barbara - 13 janvier 2022 - Décoration simplissime pour cette station à grande profondeur : s'il y a des ascenseurs de grande capacité pour aller de la salle des recettes à la mezzanine, l'accès aux quais n'est possible qu'avec des escaliers fixes ou de petits ascenseurs. Les escaliers mécaniques ne sont utilisés qu'en sortie. Pour l'instant, rien n'évoque l'artiste dont la station emprunte le nom de scène. La signalétique est provisoire. Pour ce premier jour, il y avait pas mal de photographes ! © transportparis

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Bagneux - Station Lucie Aubrac - 13 janvier 2022 - L'accès à la station est assez imposant : le M installé sur le place supporte des portraits de la résistante. La station est quasiment sous le niveau de la place, et bénéficie d'un éclairage en partie naturel. Sur les quais, des palissades semblent cacher les réserves pour la correspondance future. La signalétique est aussi provisoire et aucun cadre publicitaire n'est prévu. © transportparis

Pour les habitants de Bagneux, le métro se rapproche en desservant la pointe nord de la commune. Cependant la majorité de la population devra encore prendre l'autobus pour le rejoindre, mais ce prolongement pourrait aussi avoir un effet redistributif du trafic entre la ligne 4 et le RER B.

Il n'y a pas d'autre prolongement envisagé à ce stade de la ligne 4. L'arrière-gare est orientée vers le sud-ouest, suivant l'avenue Henri Barbusse. En revanche, la station Lucie Aubrac changera d'envergure lors la mise en service de la première section de la ligne 15 entre Pont de Sèvres et Noisy-Champs.

Prochaine extension du métro, elle aussi attendue de longue date : la ligne 12 jusqu'à la mairie d'Aubervilliers, toujours en MF67. D'ailleurs, dans la période récente, ce devrait être l'inauguration d'un prolongement avec le matériel le plus ancien. Dans les années 1970, l'arrivée de la ligne 8 à Maisons-Alfort puis Créteil avait eu lieu avec du matériel de - seulement - 36 ans. La ligne 10 avait atteint Boulogne en 1980 avec des MA52 de 28 ans, tout comme les MP59 de la ligne 1 prolongée à La Défense en 1992. Qu'en sera-t-il pour la ligne 11 l'année prochaine ? Un nouveau record en vue ?