Après l'annonce de l'actualisation du coût du projet EOLE à 5,4 MM€, il y avait déjà de quoi fâcher une présidente de Région. Si on ajoute le retard de 2 ans annoncé sur la mise en service des RERng destinés au RER D et au RER E, il y a de quoi donner un nouveau coup de semonce : ce fut fait avec, d'après Les Echos, un courrier adressé à la fois à Alstom et à SNCF Voyageurs.

L'affaire n'est effectivement pas mince car ce nouveau matériel roulant est la nouvelle pierre angulaire du renouvellement du parc francilien :

  • pour le RER E, le retrait des MI2N, la mutation des Francilien pour couvrir les besoins liées aux futures électrifications de Gretz - Provins et Trilport - La Ferté-Milon en complément de la commande supplémentaire effectuée en 2019 ;
  • pour le RER D, le retrait des Z2N série 20500, destinées à remplacer la première génération d'automotrices à 2 niveaux circulant sur le RER C (séries 5600 et 8800).

Mais il faut aussi souligner que ce retard, révélé 2 mois avant la mise en service théorique des premières rames sur le RER D, pourrait aussi mettre en cause la mise en service de la première étape de prolongement du RER E, jusqu'à Nanterre La Folie : l'actuel parc MI2N + Francilien permet d'assurer l'actuelle desserte jusqu'à Haussmann Saint Lazare, et un prolongement à parc constant imposerait un plan de transport réduit.

Manifestement, la production du matériel roulant n'est pas en cause : encore heureux, car la candidature de CAF avait été écartée en prétextant que l'entreprise n'avait pas la capacité suffisante pour répondre aux objectifs du marché. Il semble que les difficultés résident dans l'intégration des différents systèmes de signalisation, notamment NExTEO, et surtout dans la gestion de la succession des différents systèmes (du KVB à l'est, NExTEO dans le tronçon central et du KVB-P à l'ouest concernant le RER E).

Ile de France Mobilités attend donc assurément de pied ferme Alstom et la SNCF pour savoir quand les rames seront livrées et surtout dans quelles conditions. Dans la période actuelle, il va être difficile d'éviter un excès de politisation du dossier.