On pourrait peut-être demander à une station de radio, qui autrefois occupait rue Bayard une ancienne maison qui n'ouvrait pas souvent ses volets, d'organiser son célèbre jeu à propos de cette composante du Grand Paris Express. En tête d'affiche, une nouvelle fois, la desserte de Roissy. Et comme en octobre 2019, le même débat toujours sans véritable réponse.
L'intérêt de la ligne 17, déjà faible eu égard aux prévisions de trafic avec une demande à peu près équivalente à celle qui justifie ailleurs une ligne de tramway, est affecté par l'abandon du projet de 4ème terminal à l'aéroport de Roissy et du projet commercial Europacity sur le triangle de Gonesse. Si en façade, l'Etat maintient le cap parce qu'il serait difficile d'assumer le renoncement, il semblerait que le ministère des Finances mais aussi les services du Premier Ministre commencent à approcher le pied du frein. Même dans les allées de Bercy, on commence à comprendre que face aux besoins dans les transports parisiens, il va falloir se résoudre à choisir.
L'Etat est bel et bien responsable de cette situation en courant plusieurs lièvres à la fois : d'une part CDG Express, projet qui a été maintenant lancé depuis une vingtaine d'années, et d'autre part cette ligne 17, sans se soucier leurs impacts réciproques. Le métro, moins onéreux pour le voyageur que le CDG Express, présente l'avantage d'être un peu mieux maillé, ne serait-ce qu'avec la ligne 14 et la ligne 15, et donc de mieux desservir l'agglomération parisienne. Mais CDG Express, moins bien maillé, est une opération moins onéreuse en investissement. Depuis plus de 10 ans, l'Etat vit dans le déni de cette situation.
Il est manifestement toujours illusoire d'espérer l'Etat aura - enfin - avoir le courage de faire lever les crayons (et les pelleteuses). Le statu quo de l'aveuglement n'est plus audible, et que le gouffre financier commence quelque peu à inquiéter. Pendant ce temps, le Département du Val d'Oise s'offusque de la perspective de n'avoir aucune station de métro sur son territoire. On a connu argument plus convaincant...
Malheureusement, CDG Express ne peut pas être amendé pour être mis en correspondance avec la ligne 15 (à La Plaine Stade de France) puisque le matériel commandé est à plancher bas et la gare à quais hauts...
Il est probable que le dossier s'invite dans les débats des élections régionales...
À mon avis le scénario le plus probable est un maintien de la gare de Gonesse plus ou moins au milieu des champs, avec une ZAC revue à la baisse pour essayer de contenter tous les partis. Thierry Dallard avait implicitement évoqué cette idée en parlant de réduire l'envergure de la gare, limitée à la simple correspondance avec les bus. Au delà de Triangle de Gonesse, le tronçon jusqu'à Roissy ne sera probablement pas abandonné officiellement, mais va certainement être repoussé à des jours meilleurs pour le trafic aérien. Avant d'être enterré définitivement ?
Pour ma part, je préconiserais l'abandon pur et simple de la ligne au delà du Bourget-Aéroport. Cette ridicule antenne pourra éventuellement être intégrée à la ligne 7 prolongée, au prix d'un allongement des quais et de travaux de gabarit, de réélectrification et de désautomatisation. (Tout un programme !)
Pour améliorer la desserte de Roissy, on pourrait imaginer des missions de la ligne K empruntant les voies de CDG Express (qui ne verront passer que 4 tph). Les Franciliens sont compatibles avec les quais à Stade de France. À voir cependant les effets de cet arrêt sur la domestication des services directs.