Et on reparle des toilettes...

Comme à chaque campagne électorale pour les élections régionales, les toilettes dans les trains reviennent au menu des débats. Le renouvellement du matériel roulant engagé depuis plus de 10 ans sur les lignes ferroviaires a, rappelons-le, fait le choix de ne plus aménager de toilettes dans les rames. Si la fréquence des dégradations est régulièrement évoquée, il faut aussi rappeler que ces espaces clos sont aussi malheureusement utilisés pour d'autres usages que leur destination première : leur disponibilité et leur propreté est difficile à garantir. Sur le plan technique, l'exploitation à zone dense n'est pas nécessairement compatible avec la gestion de toilettes embarquées : compte tenu du nombre de voyageurs, la probabilité d'avoir soit une pénurie d'eau à bord soit de saturer la capacité de stockage pour certains équipements modernes est d'autant plus forte que le niveau de desserte ne permet que rarement d'intégrer un passage au dépôt pour traiter ces équipements embarqués : cela se traduirait par une indisponibilité sur pluseurs heures, impliquant donc en théorie un nombre de rames accrues pour accomplir le même service (donc une augmentation du coût à la charge de la collectivité).

Il faut aussi rappeler que les toilettes occupent de la place à bord des trains. Imaginons un Francilien avec toilettes : l'occupation d'un équipement adapté aux personnes à mobilité réduite (et en particulier en fauteuil roulant) représente environ 15 places assises et une dizaine de places debout. Pour une toilette de format standard, comptez 6 à 8 places assises perdues. Pour une rame à 2 niveaux, c'est encore un peu plus complexe car cet équipement doit être de plain-pied depuis les plateformes d'accès et l'espace aménagé pour les fauteuils roulants. C'est un peu plus facile pour le Régio2N (qui a été originellement conçu avec toilettes). Pour le RERng, ce serait plus complexe même si la configuration avec des voitures d'extrémité à un seul niveau est un facteur facilitant. En revanche, dans un MI09, ce sera mission impossible sur les plateformes d'extrémité, sauf à imaginer enlever des portes au train !

Il n'en demeure pas moins que ces équipements posent un problème majeur de disponibilité et peuvent générer d'autres problèmes difficilement solubles autrement que par un respect individuel (voeu malheureusement pieu à ce jour)...  et qu'il y a déjà beaucoup de protestations à chaque évolution capacitaire des matériels roulants.

Par conséquent, l'équipement des gares reste une solution pragmatique.

Comments

[Tomato01]

Sur des trajets de longue distance de type Paris/Montargis ou Paris/Provins, ce n'est pas tolérable l'absence de toilettes. L'installation des toilettes dans les gares lorsque la fréquence des trains est de 30 minutes à une heure voire plus, personne ne prendra le risque de descendre du train.

[Qui ça ?]

Un autre article sur la problématique des toilettes dans les trains de banlieue île-de-France, paru aujourd’hui dans le Parisien.



Voici un extrait de cet article, consacré à la ligne R:

A la gare de Lyon, les usagers franciliens pourront faire pipi gratuitement.

C’est un vrai sujet pour les passagers de la ligne R, Paris-Melun-Montereau, dont les trajets peuvent atteindre 1 h 30. En attendant l’éventuelle, et très coûteuse, installation de toilettes dans les nouveaux trains de cette ligne, IDFM va payer « les dames pipi » du hall 2, grandes lignes, à la place des voyageurs munis d’un passe Navigo.



[...]



L’option des trains sans toilettes avait été retenue en 2014 pour gagner des places assises dans les rames mais aussi parce que les toilettes des anciens trains généraient trafics et insécurité. Depuis, IDFM tente de corriger ce que les voyageurs qualifient d’« erreur au démarrage ».

« Nous avons engagé un programme de construction de toilettes automatiques dans les gares. D’ici à la fin 2022, 13 des 24 gares de la ligne seront équipées », indique Laurent Probst, directeur général d’IDFM. L’opérateur des transports en Ile-de-France et Bombardier (constructeur du Régio 2N) ont, par ailleurs, mené une étude pour évaluer ce que coûterait l’installation « a posteriori » de toilettes dans les 42 nouvelles rames de la ligne R. Résultat : 26 millions d’euros (M€)

pour équiper les trains eux-mêmes, 16 M€ pour construire des systèmes de « récupération » dans les dépôts et 1 M€ de frais de fonctionnement annuels !



Article complet consultable sur le site du journal à cette adresse:

https://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/a-la-gare-de-lyon-les-usagers-franciliens-pourront-faire-pipi-gratuitement-23-04-2021-XDKM5UPZMFH3LHSHGSAYOXUW34.php

[Justadream]

je ne sais pas quel est l'âge moyen des commentateurs sur ce sujet. Et si l'un d'entre vous a des problèmes de prostates. Personnellement je peux vous dire que sur un trajet de 1h30, s'il n'y a pas de toilettes, je souffre le martyre... et je pense que beaucoup de voyageurs sont concernés par ce problème. Certains vont me rétorquer qu'il suffit d'aller se soulager juste avant de monter dans le train, mais je n'ai encore jamais vu les toilettes dans les grandes gares proches des quais...

[laurent75]

Je me rappelle l'époque où les toilettes étaient constituées d'un siège, d'un réservoir d'eau et d'un clapet avec tirette manuelle donnant accès à un tuyau de 100 pour évacuation sur le ballast.

Dans les petits gris, il était précisé qu'il était interdit d'utiliser les toilettes pendant les arrêts en gare ainsi qu'entre Austerlitz et Gare d'Orsay.

[dbastien]

N'oubliez pas non plus les toilettes des TGV. L'autonomie sur batterie des TGV est très très limitée en cas de non-alimentation de la caténaire. Tout le monde mentionne l'absence de climatisation et d'éclairage, mais après 1 heure et plus d'attente, essayez donc d'utiliser les toilettes (qui de toute façon ne fonctionnent pas) dans le noir le plus complet ! Il n'y a plus qu'à forcer l'ouverture des portes et se soulager sur le ballast.

[Qui ça ?]

Justement, il y a eu un article paru sur ce sujet hier dans le Parisien.

L'article cite notamment les cas où des trains ont été arrêtés pour un très long moment en pleine voie (1h20 vers Courbevoie sur la ligne L le 10 février, 3h30 près de Créteil sur le RER D le 10 mars), et où des passagers n'ont pu se retenir et se sont donc soulagés dans la rame. Évidemment s'il n'y avait pas ces trop longues immobilisation, le besoin de WC embarqués se ferait moins prégnant.



Extrait de l'article:

«La question n'est pas du tout anecdotique, estime Myriam, une voyageuse de la gare du Nord. On se passe de toilettes dans 99% des trajets jusqu'au jour où on en a besoin. Et vu les dizaines de milliers de personnes qui sont à bord des trains, ça fait potentiellement beaucoup de cas!»



Article complet sur le site di journal: https://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/toilettes-supprimees-dans-les-trains-et-rer-le-casse-tete-et-parfois-le-calvaire-des-franciliens-21-04-2021-8431402.php

[attache]

Cela n'est pas nécessaire de protester contre l'évolution de la capacité sur les matériels roulants. On vit à une époque où l'on devrait être reconnaissant que les matériels roulants prennent en compte le besoin des personnes PMR avec les toilettes adaptées. Je ne vois pas comment quelqu'un pourrait protester que cela prend de la place, quand il faut évidemment de la place pour pouvoir circuler, rentrer, manœuvrer avec un fauteuil roulant.

La place à bord prend un second rôle quand on voit le monde à travers quelqu'un à mobilité réduite.

[T33b]

Pragmatique, pragmatique, c'est vite dit !

Autant un court trajet on peut prévoir et prendre ses précautions, autant quand on commence à atteindre l'heure et demie pour les extrémités de la région, c'est plus complexe. Ou en cas de fort retard.

[Babskwal]

Qu'en est-il sur des matériels assurant le même type de service à Londres, Berlin, Hambourg, Milan, Rome... ?