Il s'invite régulièrement au menu des discussions sur la politique des transports et l'octroi successif à la France - voire à Paris - de la coupe du monde de rugby (en 2023) puis les Jeux Olympiques (en 2024) voire d'une Exposition Universelle (en 2025) alimente le débat sur la desserte des aéroports parisiens et en particulier celui de Roissy. En ligne de mire, un RER B insuffisant, pas assez rapide, qui mélange la clientèle aéroportuaire à celle de la banlieue nord, pas assez fiable et donc pas assez vendeur pour l'image du pays et de sa capitale.
Trois projets sont sur la table. L'un est totalement extérieur à ce débat parisien : Creil - Roissy doit faciliter l'accès à la zone d'emplois autour de l'aéroport depuis le sud de l'Oise et répond véritablement à un besoin de proximité. Mettons de côté la question de la mise en oeuvre de TGV Intersecteurs au départ d'Amiens, nous y revenons dans notre dossier.
Restent donc en piste CDG Express, liaison rapide entre le centre de Paris et l'aéroport, ainsi que la ligne 17 du Grand Paris Express, pour compenser l'abandon des idées initiales et notamment le prolongement de la ligne 14, et assurer la connexion entre la grande rocade (la ligne 15) et l'aéroport. Ne le passons pas sous silence, cette ligne 17 est aussi l'instrument de promotion d'un vaste complexe commercial, Europacity, dont l'intérêt est fortement contesté (et contestable) au regard de l'impact environnemental et du simple fait que le nord parisien est déjà saturé de centres commerciaux qui n'affichent pas une forme des plus olympiques.
L'exercice auquel nous nous sommes livrés dans ce nouveau dossier de transportparis est assez virtuel, car il est trop tard pour se poser les bonnes questions si tant est qu'elles soient audibles dans ce pays. Oui, il faut améliorer la liaison entre Paris et Roissy. Mais n'aurait-on pas mis trop de fers au feu ? Si, comme cela semble être le cas, sont réalisées CDG Express et la ligne 17, n'y a-t-il pas risque de cannibalisation du trafic, d'autant que le RER B n'a pas dit son dernier mot ? Bref, comme nous le titrons, ne sommes-nous pas à la veille d'un certain gâchis ?
L'Etat semble tarder à officialiser ses annonces sur les évolutions des projets franciliens et singulièrement sur le Grand Paris Express au regard de la dérive vertigineuse des coûts qui se profile... Peut-être une dernière lucarne pour essayer de corriger le tir ?
Nous attendons évidemment vos commentaires et réactions : nul doute qu'elles seront nombreuses alors par anticipation, nous vous invitons, avant de tapoter frénétiquement sur vos claviers, à méditer notre traditionnelle devise de modération : "on se calme et on boit frais" !
Une petite précision concernant les flux CDG sur le RER B : pour les passagers des vols transatlantiques (qui sont loin d'être négligeables en volume de trafic, New York et Montréal sont respectivement 1ère et 7e lignes les plus fréquentées au départ de CDG), les vols arrivent le matin et repartent en fin d’après-midi, donc en pleine heure de pointe. J’en ai fait moi-même l'expérience il y a quelques semaines, et voyager dans un RER omnibus avec une valise n’est pas si évident... surtout quand on veut garder sa valise avec soi, de peur de se la faire voler !
Il faut noter que lors de la conception de la LN3, il était question de la faire passer par l’aéroport, tracé qui ne fut finalement pas retenu. Avec un tel tracé, il aurait été possible d’assurer une desserte de l’aéroport par des TGV au taux de remplissage moyen (notamment ceux qui desservent les villes moyennes de l’ex-région Nord-Pas-de-Calais). On se serait retrouvé dans une situation proche de celle des aéroports de Genève et de Zurich.
Quant à CDG Express, cette liaison serait viable aux conditions suivantes :
- inclure dans le projet la liaison souterraine Gare du Nord - Gare de l’Est pour permettre un accès aisé au RER E vers St-Lazare et La Défense
- inclure dans le prix du billet tout trajet en Île-de-France au-delà de la Gare de l’Est
- permettre l’accès aux titulaires d’abonnement Navigo moyennant un supplément de 10€
En bref, IdF Mobilitrs devrait être plus impliqué dans le projet pour que celui-ci ait une chance d'être viable. Autrement, on pourrait se retrouver avec un fiasco digne d’Orlyval...
Dans les conditions actuelles du projet, un couloir bus/taxi sur l’autoroute A1 et à Paris pour accéder au secteur St-Lazare aux heures de pointe ne ferait pas moins bien que CDG Express !