Régionales 2015 : promesses épisode 2
Après Valérie Pécresse, c'est Claude Bartolone, chef de file de la majorité sortante, qui a livré ses perspectives sur les transports, au cours d'un entretien avec Mobilettre. Exercice pas forcément évident pour celui qui aspire à prendre la succession de Jean-Paul Huchon, puisqu'il doit incarner la continuité mais aussi le changement.
Manifestement, le candidat socialiste a lu l'audit de l'EPFL sur l'exploitation en Ile de France, ou a minima une note technique assez détaillée, ce qui lui permet de tacler d'abord l'Etat, qui selon lui a trop négligé les infrastructures ferroviaires (et cela continue...) en lui demandant 800 M€ par an pour moderniser le réseau, et ensuite la SNCF qui, en dépit d'efforts financiers importants des collectivités (Région et STIF en tête), n'a pas la culture du résultat sur la qualité du service, avec une ponctualité encore nettement inférieure aux attentes des voyageurs. Claude Bartolone semble agacé des "quatres saisons de l'irrégularité" causées par la pluie, la neige, la chaleur et les feuilles mortes... en employant des termes très durs : "On ne va pas afficher les niveaux d’investissements indispensables à l’amélioration du service, et accepter qu’ils ne soient qu’une page publicitaire. La SNCF devra obtenir des résultats."
Au passage, il se souvient que Valérie Pécresse était Secrétaire d'Etat au budget lorsque les 4 nouvelles LGV ont été lancées pour palier le fait qu'en dépit d'un TGV très performant, son succès commercial se limite essentiellement à la France, d'où les commandes parfois surnuméraires auprès d'Alstom pour maintenir la vitrine...
Au-delà, le candidat socialiste surprend par l'utilisation d'un terme bien peu courant dans le langage politique : il faut penser "système", ce qui lui permet d'envoyer une deuxième pique à sa principale rivale qui propose 700 rames neuves sous sa mandature. Mais Claude Bartolone considère quand même que le meilleur moyen d'incarner le changement, c'est le matériel roulant. Il place le projet RERng au coeur du sujet, pour le RER E (dont il ne dit mot par ailleurs), les lignes B, C et D (écoutant peut-être un peu trop Transilien et un peu moins SNCF Réseau et le STIF...). En celà, il ne se différencie guère de Valérie Pécresse, d'autant que le RERng est aujourd'hui envisagé sur le RER E puis le RER D : son appel d'offres ne fait nullement cas des lignes B et C, qui plus est ayant des caractéristiques notoirement différentes...
Autre sujet pour les lignes de RER, le pilotage automatique, devant apparaître selon lui d'abord sur le RER B, puis ensuite sur l'ensemble de la zone dense à horizon 2023. En ce sens, il semble faire sienne les préconisations de l'EPFL mais aussi du Cercle des Transports, peu avare de critiques sur la priorité accordé au développement de nouvelles infrastructures face au retard du réseau existant... mais quid du RER E pourtant porteur du premier projet de conduite automatique sur le réseau ferroviaire ?
Du côté des grands projets, Claude Bartolone ne remet pas en question le projet du Grand Paris Express, ni CDG Express. Encore une fois, pas un mot sur EOLE. Etonnant.
Sur le métro, il verrait d'un bon oeil l'automatisation des lignes 11 et 13 après la réalisation de la ligne 4. Une proposition logique pour la première vu que son prolongement final (Les Lilas - Noisy-Champs) sera deux fois plus long que sa section historique aux équipements obsolètes. Pour la ligne 13, Ouragan ne sera totalement déployé que l'année prochaine : une migration serait-elle possible ?
Sur le tramway, pas de remise en cause des projets actuels, et une petite pique à Noisy-le-Sec, sujet qu'il connaît bien en tant qu'élu du même département.
Enfin, ses réflexions l'amènent à une évolution du STIF vers l'ensemble des mobilités, y compris vélos et voitures électriques en libre-service, vers le développement de nouveaux services en gare, station et dans les trains (à commencer par les réseaux à haut débit), et sur l'extension du service du métro la nuit en ayant semble-t-il intégré les limites de l'exercice du fait de la maintenance et des travaux de renouvellement.
Bref, il n'est pas très difficile pour le candidat socialiste de jouer la carte du pragmatisme face à une opposition qui en fait beaucoup pour séduire l'électorat. Sans parti pris, les réflexions sur l'automatisation des lignes 11 et 13 sont intéressantes, tout comme sur l'exploitation des lignes de RER avec une conduite automatisée sur les sections centrales. En revanche, EOLE semble oublié (un instant d'égarement ?) et le sujet matériel roulant semble encore manquer d'épaisseur avec une position finalement assez proche de celle de sa principale rivale.
Cependant, ce sont surtout ses critiques sur le comportement de l'Etat vis à vis du chemin de fer d'abord et sur les carences de résultat de la SNCF qu'on aura retenu.
Suite au prochain épisode...