Adopté mi-février, le Contrat de Plan Etat-Région 2015-2020 programme 7,5 MM€ d'investissements dans le domaine des transports en commun tous modes confondus. La négociation fut serrée, tendue et au final, le compromis trouvé suscite déjà critiques - comment n'en serait-il pas autrement dans une année d'élections locales - et il faut bien admettre que le programme souffre d'un manque de lucidité typique des contractualisations favorisant la tactique électorale au détriment de la cohérence de l'action publique.
Au chapitre "modernisation du réseau existant", figurent 3,135 MM€ fléchés vers :
- les schémas directeurs des RER A, B, C et D avec 1,074 MM€, incluant toujours la réalisation du barreau de Gonesse quand bien même son bilan socio-économique est négatif !
- les schémas de secteur du réseau Transilien (notamment Est, Saint Lazare et Montparnasse) avec 90 M€,
- la modernisation des gares RER avec 221 M€,
- le prolongement du RER E à l'ouest, projet phare pour le groupe SNCF, mais qui n'est financé qu'à hauteur de 1,75 MM€ soit la moitié du coût réel du projet. Face à cette situation, la SNCF a proposé d'avancer la trésorerie aux financeurs, bref de faire de la dette, pour maintenir le cap d'EOLE, faute de quoi, le projet aurait été en très fâcheuse posture...
On s'étonnera d'ailleurs de voir EOLE dans le seul chapitre de modernisation du réseau car si le prolongement du RER E à Mantes la Jolie couvre bien une bonne partie du renouvellement de l'infrastructure de l'axe Paris - Mantes, le tunnel Haussmann - Nanterre constitue évidemment un investissement de développement.
Haussmann Saint Lazare - 4 avril 2012 - En 2020, les trains du RER E ne devraient plus faire terminus à Haussmann Saint Lazare : ils rejoindront Nanterre La Folie en desservant les nouvelles gares de la Porte Maillot et de La Défense. Objectif : délester le RER A et accessoirement le RER B en offrant une liaison directe Gare du Nord - La Défense. © transportparis
Au chapitre "développement du réseau", figurent 3,875 MM€ avec :
- 475 M€ pour le tram-train Versailles - Massy - Evry,
- 284 M€ pour la tangentielle ouest, alors même que le tracé est en cours de réexamen en profondeur avec la décision de passer dans le centre de Poissy,
- 142 M€ pour l'antenne de T4 de Gargan à l'hôpital de Montfermeil,
- 900 M€ pour le prolongement de la ligne 11 du Métro de la mairie des Lilas à Rosny Bois Perrier qui constitue la deuxième opération majeure de ce CPER,
- 400 M€ pour l'extension de T1 de Noisy le Sec à Val de Fontenay,
- 152 M€ pour l'extension de T1 de Gennevilliers à Colombes,
- 265 M€ pour l'extension de T3 de la porte de La Chapelle à la porte d'Asnières,
- 200 M€ pour la seconde phade de T7 qui l'emmènera à la gare de Juvisy,
- 256 M€ pour la création de T9 Porte de Choisy - Orly ville
- 194 M€ pour la création de T10 Croix de Berny - Clamart place du Garde
- 420 M€ regroupant les contributions en faveur de la création des lignes TZen et autres sites propres pour autobus,
- 65 M€ de contribution du CPER au titre de l'aménagement de voies réservées aux bus sur les voies rapides et autoroutes d'Ile de France, sachant que cette opération bénéficie également de crédits spécifiques de l'Etat,
- 119 M€ pour l'aménagement des grands pôles d'échanges comme Saint Denis, Marne la Vallée Chessy...
Pyrénées - Ligne 11 - 14 septembre 2012 - Programmé depuis 1927, le prolongement de la ligne 11 au-delà des Lilas connaît donc déjà un certain retard. L'amélioration des dessertes de l'est parisien est une priorité du CPER et l'arrivée de la ligne 11 à Rosny sous Bois constituera l'opération phare pour le réseau Métro existant. En complément, les MP14 remplaceront les MP59 désormais quinquagénaires ! © transportparis
Une troisième enveloppe de 176 M€ est destinée aux interconnexions entre la ligne 15 du Grand Paris Express et les réseaux existants, budget dont on sait qu'il est notoirement insuffisant compte tenu du coût réel de l'aménagement des correspondances dans les gares et stations de métro concernées, mais aussi avec la création de la fameuse gare "Trois Communes" Bry / Villiers sur Marne / Champigny sur le RER E et dont le coût promet assurément d'exploser à elle seule cette enveloppe.
Enfin, 330M€ sont réservés pour l'ensemble des projets au titre d'études, d'acquisitions foncières et de provisions pour travaux liés pour partie au tuilage avec les autres contractualisations sur les projets.
Par ailleurs, le ferroviaire bénéficie de 250 M€ de crédits supplémentaires au titre des grands projets interrégionaux :
- 30 M€ pour les études de rénovation de la gare de Lyon et surtout la recomposition du plan de voies entre Paris et Villeneuve Saint Georges,
- 8 M€ pour l'achèvement des études de la liaison Creil - Roissy,
- 12 M€ pour les études relatives à l'interconnexion sud TGV et au POCL,
- 50 M€ pour l'électrification de Gretz à Troyes et Provins (en dépit d'un bilan socio-économique au mieux nul mais plutôt négatif),
- 150 M€ pour les aménagements de la Grande Ceinture entre Massy et Valenton destinés à donner de la fluidité et de la régularité non seulement aux TGV Intersecteurs mais aussi et surtout au RER C qui pourrait bénéficier d'une desserte au quart d'heure jusqu'à Massy (alors qu'aujourd'hui, la mission Z5 n'envoie qu'un train toutes les 30 min au-delà de Pont de Rungis),
- 33,9 M€ au titre de la 1ère phase de LNPN entre Paris et Mantes la Jolie, incluant les réservations prises par EOLE pour la 4ème voie entre Epône et Mantes.
En conclusion, si les projets de tramway et de métro s'en sortent relativement bien, le ferroviaire est quelque peu malmené à la fois par le manque de ressources et l'absence de véritable hiérarchisation. On peut s'interroger sur la pertinence du maintien d'opérations telles le barreau de Gonesse (300 M€ à lui seul), l'électrification Paris - Troyes. Le devenir de la tangentielle ouest reste incertain car avec la décision de passer dans Poissy prise par le Département des Yvelines et la Ville de Poissy, il est peut-être temps de s'interroger sur les vrais besoins de transport (voir notre dossier TGO).
On notera aussi que le CPER passe sous silence les extensions de la tangentielle nord à Noisy le Sec et Sartrouville, repoussées au-delà de 2020.
En matière d'électrification Paris - Troyes, un Régiolis bi-mode a toute sa place pour assurer les missions.
Si la région Champagne-Ardennes tenait tant à ce qu'il y ait de l'électrification, il faudrait plutôt se pencher sur les lignes Culmont-Chalindrey - Saint-Dizier et Reims - Amiens pour diminuer le trafic FRET de transit sur la grande ceinture.
Il y a deux solutions : soit on électrifie la ligne dans son intégralité jusqu'à Belfort et on abandonne la traction diesel, soit on électrifie rien en gardant le bi-mode.
Économiquement parlant, seule la partie francilienne de la ligne Gretz - Provins avec retournement à Longueville (et éventuellement jusqu'à l'atelier de Romilly pour les TGV) est justifiable notamment pour des raisons de matériel roulant.
Si on tient tant à l'électrification, il faudrait déjà déplacer le sectionnement électrique en direction de Mulhouse qui se trouve à 200 mètres en sortie de la gare de Rosny (de surcroît dans une courbe) et ne permet pas aux trains de Villiers de monter en vitesse à un niveau élevé. Le déplacement pourrait se faire sur 800 mètres pour augmenter la vitesse des missions RER sur cette portion de ligne.