Alors que la question du financement du coût réel du Grand Paris Express commence à sérieusement interroger le petit monde des transports parisiens, le Président de Keolis, Jean-Pierre Farrandou, soutient le développement des dessertes par autobus et autocars sur les voies rapides d'Ile de France dont 11 sections vont admettre leur circulation sur la bande d'arrêt d'urgence d'ici 2020. Selon Keolis, un budget de 250 M€ permettrait l'acquisition de 1000 véhicules et de créer 100 lignes exploitées par 10 véhicules chacune, pouvant transporter 8000 voyageurs par jour soit 800 000 sur le "réseau" ainsi constitué.
Cependant, en dépit de la possibilité de circuler sur les bandes d'arrêt d'urgence aménagées, à l'image de ce qui a déjà été réalisé autour de Grenoble, c'est la question de l'attractivité gloable du bus qui reste posée. En revanche, au fur et à mesure de la réalisation des nouvelles lignes de métro, il est évident que la demande de rabattement vers leurs stations n'ira qu'en grandissant, justifiant de nouvelles dessertes pour lesquelles autobus urbains et autocars rapides auront leur rôle à jouer.
Autant faire un Grand Paris "low cost", c'est tellement dans l'air du temps...
Surtout que l'intervention du président de Keolis, relayée dans les Echos, mentionne également que les voies routières sont déjà construites : oui, mais leur capacité est très limitée (les grands axes "intéressants" étant saturés), sauf à faire fermer des boulevards entiers à la circulation automobile -même si je n'y suis pas totalement opposé- (et là il y a des investissements supplémentaires !).
Les idées de bus sur autoroute sont quant à elle clairement de la démagogie destinée à la grande banlieue ("on peut habiter loin du centre et avoir accès à tout"), relayée par le lobby autoroutier (Vinci approuve !), dont la capacité sera de toute façon bien inférieur à n'importe quel ligne de train. Certes on citera l'expérience du bus express A14, mais elle ne fait que pallier à la liaison manquante entre l'ouest francilien et La Défense, qui sera assurée dès 2020/2021 par le RER E. Donc le bus sera à ce moment-là inutile, sauf à rabattre les usagers vers les gares RER.
Et on pourra par la même occasion sur l'aberration que constitue les banlieues pavillonnaires : une politique du logement plus efficace (densification de la proche banlieue et politique "musclée" dans Paris intra-muros contre les logement vacants) éviterait à certains de proposer des plans menant à une dépendance toujours plus grande au pétrole (si on "aide" les gens à habiter les loin en leur proposant pleins de bus, alors ils posséderont nécessairement une à deux voiture(s), qu'ils utiliseront pour tous leurs trajets en dehors du domicile/travail).