A lire durant vos voyages quotidiens sur le réseau, le dernier numéro de la revue spécialisée Le Rail qui propose deux intéressants articles sur les transports en Ile de France, prolongeant - coïncidence heureuse - notre précédent article sur le RER B.
- Ile de France : faire rouler des trains ? transporter des voyageurs ?
- RER B : un second tunnel ? Non merci !
Tous deux mettent en évidence la question de l'exploitation quotidienne du réseau ferroviaire en Ile de France, et les marges de progression existantes sans pour autant renvoyer à de lourds et lointains investissements.
Dans le premier, le sujet abordé est celui de la prise en compte de l'intérêt du voyageur dans les décisions relatives à l'organisation des circulations, pour laquelle on a souvent l'impression que l'exploitant s'occupe de gérer des mobiles, sans intégrer le fait que des milliers de voyageurs sont impactés par les décisions. Le RER n'est pas un gigantesque train miniature.
Le second constitue une étude extrêmement détaillée sur le fonctionnement du tunnel Châtelet - Gare du Nord, et plus globalement des pratiques quotidiennes sur les RER B et D. Il considère qu'une exploitation plus rigoureuse des deux lignes aboutiraient à une amélioration équivalente à celle du doublement du tunnel, qui n'est pas prêt de voir le jour, puisque les installations existantes sont capables de gérer des intervalles très réduits, offrant un débit potentiel de 36 voire 40 trains par heure, pour 32 aujourd'hui prévus à l'horaire. De quoi faire réfléchir ceux qui considèrent qu'en dehors d'investissements colossaux, il n'y aurait point d'amélioration possible.
Mais on constate que sur la ligne RER A, d'exploitation largement plus simple que le duo B / D, l'objectif de 32 trains à l'heure n'a jamais pu être tenu et que au quotidien, cela plafonne à 27 ou 28 en l'absence d'incident significatif.
Comment croire qu'on puisse atteindre les 36 à 40 trains sur B/D alors que le B a une fréquentation du même ordre de grandeur que le A (en tenant compte de son matériel moins capacitaire) et que le D a un réseau tentaculaire et une infrastructure absolument pas à la hauteur.
Je ne demande qu'à y croire, mais je doute énormément. La lecture du dossier du STIF sur les investissements nécessaires sur le RER A démontre l'importance de l'infrastructure dans l'exploitation quotidienne. Et les coûts associés à toute évolution.
Le problème de fond est simple, une voie omnibus a un débit maximal donné (améliorable avec un système de signalisation plus performant). Pour atteindre ce débit, il faut que chaque train soit pile à l'heure prévue. Si on est au débit maximal, on a aucune marge. un train en retard de dix seconde signifie qu'un train de moins passera dans l'heure ! Avec tous les impacts en cascade sur d'autres points à débit limité ou le retard s'amplifiera...
Peut être que des investissements très important sur l'ensemble des infras B et D pour fiabiliser l'exploitation permettrait de gagner en fréquence dans le tunnel en amenant chaque train dans le goulot d'étranglement à la seconde prévue par l'horaire. Mais l'exploitation, sans marge sera fragile voire très fragile.
Le nouveau système de signalisation attendu pour dans quelques années permettra sans doute d’améliorer le débit du tunnel. Peut être est-ce au final ce qu'attendent les politiques pour éluder cet investissement pharaonique.