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transportparis - Le webmagazine des transports parisiens
30 novembre 2012

Le MI09 intéresse la Cour des Comptes

La Cour des Comptes s'est penché sur les conditions du marché du MI09 destiné à généraliser les rames à deux niveaux sur le RER A. Décidée par l'Etat au début de l'année 2008, le projet avait été lancé en juillet de la même année, quand le STIF, quelque peu contraint, avait accepté de financer 50% du projet d'achat de 130 rames à un coût alors annoncé par la RATP de 10 millions d'euros par rame. L'année suivante, la convention de financement portant sur 650 millions d'euros (50 % de 130 rames à 10 millions) était validée par le STIF.

Or le coût réel des rames ressort nettement au-dessus, à 15,4 millions d'euros... sans réelle surprise, puisque les 14 dernières rames MI2N livrées en 2003 - 2005, financées par la Région Ile de France, avaient été contractées à l'époque à 12,2 millions. Une simple actualisation des coûts aux conditions de 2009 amenait à un prix forcément plus élevé que les 10 millions annoncés. Selon la Cour des Comptes, la RATP aurait sciemment abaissé le coût annoncé du matériel, et considère que l'opération avait pour but de dissuader d'autres compétiteurs que le consortium Alstom - Bombardier, qui avait réalisé les MI2N, d'autant plus que le cahier des charges stipulait un matériel "aussi proche que possible" du MI2N.

La RATP répond à la Cour des Comptes en rappelant que les marchés ont été passés dans les règles européennes et approuvés par son conseil d'administration. Elle considère que le manque de compétition dans l'industrie ferroviaire n'est pas de son fait et tient à souliger que le contrat est à ce jour honoré dans les délais, les coûts et les objectifs de fiabilité demandés. Elle indique en outre qu'elle est parfaitement capable de financer la totalité du différentiel entre le coût réel du marché et la subvention du STIF.

Les éléments de réponse de la RATP sont parfaitement exacts, mais incomplets sur le dernier point : la RATP va bien financer la totalité de ce différentiel, mais il ne s'agit en fait que d'un jeu d'écritures comptables puisqu'au final, c'est bien le STIF qui paie 100 % du matériel roulant. En effet, dans le contrat unissant la RATP et le STIF figure une rubrique sur les "dotations aux amortissements du capital" dans laquelle la RATP récupère les investissements qu'elle supporte. Cela permet au STIF de lisser ses contributions, en passant une partie de ceux-ci dans la sectiond d'exploitation, étalés sur des durées plus longues.

Concernant la compétition industrielle, à partir du moment où le cahier des charges est suffisamment précis pour qu'on comprenne que, sans le nommer, le maître d'ouvrage demande une copie de l'existant, le champ des possibles se restreint.

En revanche, on ne peut nier que les rames sortent au rythme prévu et qu'on ne constate pas de problème majeur de fonctionnement.

Reste à savoir si la généralisation des trains à deux niveaux permettra de passer, comme le STIF le paie, 30 trains par heure de pointe, seul moyen de pouvoir assurer un fonctionnement correct du tronçon central et par conséquent des branches.

Or les rames à deux niveaux ne peuvent utiliser la totalité de la capacité disponible qu'en stationnant au-delà des sacro-saintes 50 secondes dans les gares du tronçon central. Plus elles dérivent, plus le nombre de trains diminue, réduisant la capacité horaire de la ligne. Si on respecte ces 50 secondes, les MI09 ne peuvent utiliser qu'environ 80 à 85% de leur capacité nominale, ce qui les rapproche d'un matériel à un niveau. La seule différence : le nombre de places assises pour les extrémités de la ligne. Un critère qui a pesé lourd : plus de 700 millions d'euros, soit la différence entre le coût du marché du MI09 et celui d'un marché de matériel à un niveau...

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17 novembre 2012

T2 atteint Bezons

Deuxième inauguration pour les tramways d'Ile de France. Après T1 jeudi dernier, ce lundi 19 novembre 2012 est marqué par la mise en service du prolongment de T2 de La Défense au pont de Bezons, sur 4,3 km. Désormais, la ligne T2 relie la porte de Versailles au pont de Bezons sur plus de 17 km en 45 minutes.

191112_inauguration-T2_1Pont de Bezons - 19 novembre 2012 - C'est au terminus de Bezons que l'inauguration a été officiellement symbolisée : la foule compacte débordait largement des quais ! © transportparis

Le tramway vient ainsi remplacer un corridor d'autobus saturé de longue date. Avec 16 passages par heure, la capacité offerte par T2 atteint 6976 places par heure et par sens, grâce aux rames doubles offrant 436 places, alors que le service des lignes 161, 262, 272 et 378 plafonnait à 1950 places.

Il ne faut plus que 12 minutes pour aller de La Défense à Bezons, ce qui, à l'heure de pointe, pour constituer un gain pouvant atteindre 20 à 30 minutes. Dès ce matin, les usagers étaient au rendez-vous et la fréquentation était déjà très importante, générant d'ailleurs - et c'était prévisible - quelques difficultés en gare de La Défense : les rames venant de Bezons se vident, alors que plus de 400 personnes attendent de pouvoir monter.

191112_T2colombes-lagravere4Colombes - Boulevard Charles de Gaulle - 19 novembre 2012 - Pendant l'inauguration, l'exploitation continue et les usagers découvrent enfin un mode de transport plus rapide et plus capacitaire que les autobus ! © transportparis

Après T1, le tramway continue de marcher sur les traces de l'ancien réseau, cette fois-ci le 62 Maisons Laffitte - Porte Maillot entre Bezons et La Défense.

L'arrivée du tramway a été l'occasion de restructurer l'ancienne RN192 : élargie entre La Défense et La Garenne Colombes pour insérer le site propre, la section traversant Colombes a été réorganisée pour casser l'aspect très routier, donnant notamment accès à l'autoroute A86. Le pont de Bezons a été élargi pour conserver une capacité de franchissement pour les piétons et la circulation des cyclistes.

En revanche, la régulation de la circulation générale n'est pas encore optimale : les feux tricolores gérant la place de Belgique à La Garenne Colombes et le rond point du Petit Colombes, au carrefour avec l'A86 occasionnent des encombrements qui peuvent se répercuter sur la priorité des tramways. Là encore, des réglages devront être effectués rapidement pour garantir les temps de trajet du tramway mais aussi éviter de pénaliser les autobus qui le croisent...

En matière de réglages, l'organisation de l'inauguration était elle aussi perfectible : le barnum installé dans le parc Lagravère à Colombes était quelque peu sous dimensionné par rapport au nombre de participants, et les discours bien peu audibles...

L'inauguration de ce 19 novembre ne concerne pas seulement le tramway, puisqu'entre en service la refonte des lignes d'autobus concernées par les deux prolongements de tramway touchant les Hauts de Seine. En particulier, le plan de conversion à l'autobus articulé connaît sa première concrétisation avec la nouvelle ligne 272 Gare d'Argenteuil - Pont de Bezons - Gare de Sartrouville, qui reprend le trajet du 161 entre Bezons et Argenteuil. Devant faire face à un important trafic qui devrait croître avec l'accélération des liaisons vers La Défense grâce au tramway, l'emploi de véhicules de grande capacité devenait urgent.

191112_272pont-de-bezons2Pont de Bezons - 19 novembre 2012 - Première journée pour le prolongement du T2 mais aussi pour la nouvelle configuration de la ligne 272 qui est dotée de Citélis 18 arborant la nouvelle livrée commune STIF - RATP. La station des autobus encadre celle du tramway pour des correspondances commodes. © transportparis

A noter également que l'usage d'autobus articulés autorise également le libre accès par toutes les portes, ce qui était déjà officieusement le cas compte tenu de la saturation chronique des lignes...Bref, l'inauguration du T2 ouvre à double titre de nouveaux horizons pour le réseau de transport !

Prochaine inauguration parisienne, le 15 décembre, avec le prolongement du tramway des Maréchaux !

15 novembre 2012

T1 avance de 10 stations

C'était le slogan du projet et depuis midi, c'est devenue une réalité. Ce jeudi 15 novembre 2012 sur la place de l'église de Gennevilliers, l'Etat, la Région, le Conseil Général des Hauts de Seine et celui de Seine Saint Denis, ainsi que le STIF et la RATP ont inauguré le prolongement de 5 km de la ligne T1 entre la gare de Saint-Denis et le terminus du métro Les Courtilles, aux limites d'Asnières et de Gennevilliers.

C'est la première fois que le nouveau tramway revient sur des itinéraires qu'il avait jadis parcouru : T1 marche sur les traces des lignes 78 Saint Denis - Villeneuve la Garenne et du 66 Porte de Clignancourt - Colombes dans la traversée de Gennevilliers.

151112_inauguration-T1_1Gennevilliers, place Grandel - 15 novembre 2012 - Un simple lâcher de ballon à l'arrivée de la rame inaugurale sur la place du "village" de Gennevilliers en guise de symbole de l'inauguration. © transportparis

151112_inauguration-T1_3Gennevilliers, place Grandel - 15 novembre 2012 - Certaines rames, dont la 210 qui eut l'honneur de transporter les officiels, revêtaient des dessins d'enfants autour du thème du tramway dans la ville. © transportparis

Néanmoins, la journée a été marquée par un mouvement des conducteurs sur la ligne, en raison des tensions accrues sur l'exploitation de la ligne, qui, atteignant 16,3 km, révèle de façon encore plus aiguë les difficultés quotidiennes. La priorité aux feux demeure un voeu pieu sur la section existante, et notamment entre Saint Denis et La Courneuve, du fait de désaccords entre les gestionnaires de voirie. Elle apparaît tout aussi illusoire sur le prolongement, les rames stoppant quasiment à chaque carrefour.

Les stations entre Saint Denis et Noisy le Sec  sont trop exiguës, avec des quais étroits, d'une longueur à peine suffisante pour les TFS et un mobilier encombrant. Enfin, le matériel roulant ne comprend que quatre portes au centre de la rame, ne facilitant pas les échanges de voyageurs. Or aucun autre matériel ne peut rouler sur la ligne tant que les stations n'auront pas été réaménagées.

Au final, avec plus d'une heure de temps de trajet, T1 parvient à ses limites. Il n'en demeure pas moins que ce prolongement facilitera les déplacements en rocade, en remplaçant des autobus encore plus lents, moins capacitaires et plus irréguliers. Ceci étant, il est grand temps d'engager, 20 ans après sa mise en service, un programme d'amélioration de l'exploitation de la ligne. La priorité aux feux constitue une source importante de gain de temps, de l'ordre de 6 à 8 minutes sur l'ensemble du parcours, et donc de régularité, ce qui donnerait plus de souplesse à la gestion de parc (en allant plus vite, à offre égale, il faut moins de rames pour assurer le service).

Les prochaines étapes sont encore lointaines : le prolongement de Noisy le Sec à Val de Fontenay reste bloqué par la ville de Noisy le Sec, alors que les villes de Romainville, Montreuil et Fontenay sous Bois réclament leur tramway. Une seule collectivité peut-elle entraver l'intérêt du plus grand nombre ? Effet de l'extrême morcellement administratif de l'agglomération...

A l'ouest, le prolongement à Colombes a acté un tracé évitant soigneusement la correspondance avec la ligne Paris - Ermont en ne passant pas par la gare de Colombes tout en étant éloigné de la gare du Stade. La ville de Colombes avait choisi ce tracé après que le Grand Paris a annoncé une station au centre de Colombes. Si la mission Auzannet venait rééxaminer le périmètre et le calendrier du métro de rocade, il faudra probablement se reposer la question d'un tracé par le centre de Colombes : les usagers du 304 ne pourront atteindre 20 ou 30 ans avant de voir leurs conditions de transport améliorées, alors que le tramway pourrait arriver en 2020.

Et mardi, on recommence les discours, mais pour le prolongement de T2 cette fois-ci !

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